Si le FMI prévoit une croissance de 6% en 2020 pour la Chine, les prévisions d'Oxford Economics sont beaucoup plus pessimistes. Hausse des dépenses publiques, réductions des impôts... les autorités chinoises tentent de renverser la vapeur. Freinée par l'endettement excessif des agents chinois et par le conflit commercial avec les Etats-Unis, la croissance économique de l'Empire du milieu est restée stable à 6,0% au dernier trimestre 2019, son plus bas niveau depuis 1992. Pour sa part, la croissance annuelle a ralenti, à 6,1% en 2019, contre 6,6 % une année auparavant, le rythme le plus lent en 29 ans (mais toujours dans l'objectif du gouvernement de 6 à 6,5%). Mais ce n'est rien comparé à 2020 année pour laquelle les prévisions d'Oxford Economics table sur une croissance du PIB chinois de 3,8% seulement au premier trimestre 2020 et une croissance annuelle de 5,4% pour 2020. Plusieurs facteurs y contribuent particulièrement la propagation du coronavirus. S'y ajoute le ralentissement de l'activité du secteur privé en janvier, comme le montre l'indice PMI composite (51,9 après 52,6 en décembre). Par ailleurs, les ventes de voitures ont chuté de 18% en ce premier mois de 2020. Le taux d'inflation poursuit son rebond (5,4% en janvier après 4,5% en décembre), marquant le niveau le plus élevé depuis octobre 2011, tiré par la hausse des prix du porc, la demande accrue pendant les vacances du Nouvel An lunaire et par l'épidémie de coronavirus. Le Fond monétaire international a un tout autre scénario, certes à la baisse, mais à moindre degré. Selon les prévisions du fond en janvier dernier, la croissance de l'économie chinoise devrait ralentir à 6% en 2020 après 6,1% en 2019, freinée par la faiblesse de la demande mondiale et par le ralentissement de la demande intérieure, suite au durcissement de la réglementation afin de maitriser la dette. Mieux, la Directrice du FMI, en visite au Maroc, a assuré que la Chine dispose des marges pour réagir. Kristalina Georgieva a rappelé que la part de la Chine dans le PIB mondiale était de 19% en 2019. La note de Conjoncture de la DEPF souligne pour sa part que si les risques baissiers pour la croissance liés aux tensions commerciales avec les Etats-Unis se sont apaisés, de nouvelles menaces liées au coronavirus sont apparues. Dans cette situation et pour limiter les dégâts, les autorités chinoises envisagent d'assouplir davantage les conditions budgétaires et monétaires, à travers une hausse des dépenses publiques, des réductions d'impôts et des mesures pour encourager les prêts à des coûts plus abordables. Début février, la banque centrale chinoise (PBOC) annonçait son intention de dépenser 1,2 billion de yuans (plus de 170 milliards de dollars). Ainsi, le 17 février, elle a injecté 200 milliards de yuans (près de 29 milliards de dollars) sous forme de financements à moyen terme (MLF) à 1 an aux institutions financières, avec des taux d'intérêt réduits de 10 pb à 3,15%. Par ailleurs, la PBOC a ajouté 100 milliards de yuans (14 milliards de dollars) via des accords de rachat inversé à 7 jours. Par ailleurs, le taux directeur de référence (LPR) à 1 an est abaissé de 10 pb à 4,05% le 20 février (la 4ème fois depuis août 2019).