En tout cas pas sous sa forme actuelle, obsolète par rapport aux attentes du corps travailleur et dans un environnement en perpétuelle mutation. Que dire lorsque ce dialogue souffre d'emblée de plusieurs facteurs de blocage au Maroc, notamment la prééminence de l'Etat à la fois employeur et juge, un patronat défendant la création de l'emploi au détriment d'un emploi de qualité et puis une pléiade de syndicats qui affaiblit les revendications syndicales des employés. L'heure est au renouveau du dialogue social. Il ne s'agit pas d'un effet de mode mais d'un impératif pour sortir de l'impasse actuelle. En effet, le dialogue social est au point mort depuis plusieurs décennies au Maroc. Et les mêmes causes reproduisant les mêmes effets, malgré la tentative du gouvernement actuel de relancer les discussions, la machine semble grippée. Pour comprendre cette impasse qui enchaîne le dialogue social, il faut chercher à déterminer les différents facteurs qui entravent ledit dialogue et l'empêche d'aller de l'avant pour une meilleure concordance des intérêts des uns et des autres, à savoir les employés et les salariés d'une part et l'Etat en sa qualité d'employeur (secteur public) et les entreprises d'autre part. Ainsi, parmi les facteurs qui constituent la pierre d'achoppement qui freine toutes les possibilités d'un dialogue positif avec des retombées réelles qui répondent aux doléances multiples et légitimes des travailleurs et aux exigences de compétitivité des employeurs, on peut en dénombrer trois. En premier lieu, le dialogue social est otage depuis plusieurs décennies d'une seule problématique, notamment celle relative au salaire minimal. En effet, les différents acteurs concernés se limitent paradoxalement à cette même question en mettant à la marge tous les autres volets qui sont tributaires de l'amélioration des conditions de travail des salariés comme l'exige l'OIT, à travers la prise en compte des domaines de la santé, de la sécurité au travail, de la prévention et la couverture des accidents et des maladies professionnelles ainsi que des nouveaux risques sociaux. Sans omettre les attentes des entreprises prises entre le marteau de leur responsabilité sociale et l'enclume de compétitivité dans un environnement très concurrentiel. En deuxième lieu, la multitude des centrales syndicales est un facteur handicapant pour tout dialogue qui aboutisse à une ébauche de contrat social. D'une part à cause de leurs nombres qui dépassent la vingtaine. Il faut souligner à cet égard que cette multiplicité dilue l'action syndicale et l'affaiblit. Ce qui pose des limites à la fonction d'encadrement du corps travailleur. Et d'autre part, la majorité de ces syndicats sont sous la casquette d'une tendance politique. Chose qui constitue un blocage permanent des négociations selon le positionnement de leurs partis dans la majorité ou dans l'opposition. Enfin, dans un monde économique dans une perpétuelle évolution exacerbée par la révolution numérique et un environnement mondial économique hostile, le dialogue social sensé anticiper les changements se trouve à la traine. Il n'est plus de fait le seul cadre d'expression et de discussion des attentes du monde du travail. Ainsi, les frustrés recourent à d'autres moyens de revendications et d'advocacy. Aujourd'hui, s'impose plus que jamais l'impératif du renouveau du dialogue social. Dans ce sens il est utile de rappeler que le 14 mai dernier, le Conseil économique social et environnemental a organisé une journée d'études internationale à ce sujet dégageant des pistes de réflexion intéressantes dont les différents acteurs du dialogue social devraient s'inspirer. Autrement, nous continuerons à effleurer les principales problématiques sans pour autant les résoudre.