Depuis quelques années, le Maroc a fait de la digitalisation son principal credo. Dans la migration vers le numérique, levier important de diversification de l'économie et de création de secteurs à forte valeur ajoutée, Visa joue un rôle indéniable. Sami Romdhane, Regional General Manager de Maroc, Algérie, Tunisie et Mauritanie revient sur la stratégie de Visa au Maroc. EcoActu.ma : L'un des défis à relever dans le secteur bancaire est de favoriser le paiement électronique et réduire l'utilisation du cash. Comment Visa contribue-t-elle à promouvoir digitalisation dans la région ? Sami Romdhane : Nous savons, d'après notre étude menée l'an dernier sur les villes sans Cash, que la digitalisation des paiements permettrait à la ville de Casablanca d'augmenter de 3,75 % le PIB de la ville, aux consommateurs d'économiser jusqu'à 30 millions de dollars, aux business 600 millions de dollars et au gouvernement 300 millions de dollars grâce à l'amélioration de la transparence et la traçabilité des transactions. Il est donc clair que les paiements électroniques représentent une opportunité de croissance significative pour de nombreux segments de nos sociétés. Pour y parvenir, nous travaillons sur l'amélioration de l'expérience consommateur dans le magasin en offrant une technologie permettant à la fois praticité, transparence et sécurité des données. Aussi nous travaillons en étroite collaboration avec nombre d'acteurs technologiques en vue de promouvoir véritablement le commerce électronique. Par ailleurs, nous collaborons avec différents partenaires institutionnels en vue de concrétiser le changement des habitudes liées aux paiement et faire émerger le potentiel socioéconomique de cette transformation digitale, et nous sommes heureux de voir que cela est reconnu par nos partenaires gouvernementaux locaux et la banque centrale, qui en faisant de la numérisation des paiements une priorité, facilitent nos relations avec les différentes parties prenantes. Les cartes de paiement sans contact ont fait leur entrée au Maroc. Le concept s'est-il ancré dans les habitudes des Marocains ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Le Maroc vit une période de croissance des paiements sans contact par cartes bancaires, ce qui illustre toute la pertinence de l'e-paiement, qui touche de plus en plus de clients dans le royaume. Nous sommes donc heureux de soutenir l'ensemble de l'écosystème des paiements dans la promotion des nouvelles technologies et dans l'accélération du rythme de développement des paiements numériques. À l'ère du numérique, disposer de moyens de paiement instantanés et sécurisés donne en effet accès à un univers de nouvelles opportunités. Au niveau macroéconomique, l'accélération de la migration vers le numérique contribue également à diversifier l'économie et créer de nouveaux secteurs à forte valeur ajoutée. Comment se décline la feuille de route régionale pour booster le commerce électronique au niveau du Royaume ? Pour contribuer à accélérer l'adoption des paiements numériques, Visa a lancé en 2019 une feuille de route de soutien à l'économie numérique dans la région. Il s'agit d'un programme quinquennal qui doit nous permettre, d'ici 2023, de rendre tous les appareils d'acceptation Visa compatibles avec le paiement sans contact. Cette feuille de route doit aussi permettre à tous nos partenaires de disposer de l'infrastructure pour saisir les opportunités des paiements électroniques. Et cela, dans un contexte où la culture du cash est encore majoritaire dans la région MENA (Moyen-Orient et l'Afrique du Nord). Quel est l' impact de la réduction de la circulation de l'argent liquide au niveau macroéconomique ? La culture du cash est synonyme d'exclusion du système bancaire. Couplée à un faible niveau d'équipements, à une absence de sécurité et une insuffisance de moyens de transport, elle constitue une barrière au développement du système financier et donc à la croissance des économies. En effet, lorsqu'une personne est financièrement exclue, cela signifie qu'une simple transaction, comme payer une facture ou virer des fonds à un parent, est risquée, coûteuse et chronophage. Le manque d'accès à des services financiers limite aussi la capacité des familles à surmonter des dépenses importantes, que ce soit pour payer les frais de scolarité d'un enfant, un vaccin ou des repas. Il contribue ainsi à perpétuer le cycle de la pauvreté et la croissance lente. Au Maroc toutefois, l'implication des banques et les efforts gouvernementaux ont permis d'accélérer très largement le développement de la monnaie numérique ces dernières années. Dans un contexte de développement des économies du territoire, ce type de paiement connaîtra sans nul doute un développement important dans les années à venir.