Cela fait 30 ans que le Maroc a démarré le développement du nucléaire ce qui lui a permis de figurer dans la cartographie nucléaire mondiale. Même si le développement de l'énergie nucléaire n'est pas pour demain, le CNESTEN travaille sur l'élaboration d'une stratégie nationale. Le point avec le ministre de tutelle Aziz Rebbah et le Directeur Etudes et Recherche scientifique du CNESTEN, Hamid Marah sur les avancées enregistrées par le Maroc dans ce domaine. Le nucléaire est un secteur qui fait peur… très peur. Il est à l'origine de plusieurs conflits régionaux et est souvent associé à l'énergie, aux risques environnementaux sans oublier les guerres. Le développement du nucléaire est aussi souvent adossé aux grandes puissances mondiales eu égard à la complexité de la technologie et bien d'autres considérations notamment politique, économique et d'ingénierie. Sauf que toutes ces considérations ne sont pas toujours vérifiées. Preuve en est, le Maroc qui est un pays en voie de développement s'est forgé une place de choix dans ce secteur très fermé. Figurez-vous que le développement du nucléaire dans notre pays ne date pas d'aujourd'hui mais a commencé depuis plus de 30 ans soit en 1986. Depuis, un bon bout de chemin a été fait ce qui a permis au Maroc de figurer dans la cartographie nucléaire mondiale. Pour faire connaitre aux Marocains les avancées réalisées dans ce domaine, le ministère de l'Energie, des Mines et du Développement durable a organisé une visite presse à l'un des centres de renom à l'échelle internationale dans le domaine du nucléaire à savoir le Centre National de l'Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaires (CNESTEN). Cette visite s'inscrit dans le cadre des rencontres d'information médias que le ministre de tutelle, Aziz Rebbah, a instaurées depuis quelques temps pour garantir aux citoyens un droit constitutionnel qui est celui de l'accès à l'information comme rappelé à chaque fois par le ministre. Situé en pleine forêt Maâmoura, l'ouverture de ce bijou, très hautement sécurisé, au grand public via la presse a été l'occasion de découvrir l'ampleur du travail réalisé dans ce domaine. Ils sont 260 chevilles ouvrières dont 73% des docteurs, des ingénieurs et des techniciens qui ont longtemps travaillé dans l'ombre pour hisser le Maroc au rang des grands dans le nucléaire. Des hommes et des femmes qui nous ont accompagné tout au long de la visite pour présenter les différentes composantes du centre notamment un réacteur nucléaire et plusieurs installations et laboratoires tout en tentant de vulgariser au maximum les informations transmises. Il faut tout de même noter que l'utilisation du nucléaire au Maroc est pacifique. « La mission du CNESTEN est de promouvoir et rehausser la contribution des utilisations des techniques nucléaires à l'effort de développement durable des secteurs socioéconomiques du Maroc, tout en se conformant aux exigences des normes et standards de sûreté et de sécurité nucléaires en renforçant l'innovation et le capital humain pour les besoins nationaux et régionaux et en préservant et développent la connaissance nucléaire les générations actuelles et futures », a déclaré le Directeur général du CNESTEN, Khalid El Mediouri. Concrètement, le nucléaire au Maroc est au service du développement humain. Il est utilisé dans les secteurs de la santé, de l'agriculture, de l'énergie, de l'industrie, de la protection de l'environnement... Dans la santé par exemple, le développement nucléaire est présent dans la médecine nucléaire, la nutrition ainsi que la recherche biomédicale. Des avancées importantes ont été enregistrées dans ce domaine notamment le projet de la fabrication de l'iode 131 qui est utilisé dans le traitement des maladies cancéreuses et que le Maroc importe. Quant au secteur agricole, le nucléaire permet d'évaluer l'érosion des sols, de suivre les mouvements des fertilisants, de faire un bilan hydrique dans les systèmes d'irrigation ainsi que de garantir la sécurité sanitaire des aliments. Quid de l'énergie nucléaire ? Le développement de l'énergie nucléaire a suscité beaucoup de débat notamment sur les risques associés. Même si son introduction dans le mix énergétique n'est pas pour demain au Maroc, la possibilité d'en développer un jour n'est pas totalement exclue. Rappelons que l'énergie nucléaire ne figure pas parmi les objectifs énergétiques du Royaume du moins pas avant 2030. En effet, le mix énergétique marocain ne comporte que les énergies renouvelables, le charbon, le feuil, le gaz ainsi que l'hydraulique. Cela n'empêche pas le CNESETEN de se pencher sur l'électronucléaire qui pourrait devenir une option alternative dans le futur. A noter qu'un comité de réflexion sur l'électronucléaire et le dessalement de l'eau de mer par le voie du nucléaire a été mis en place par le Ministère de tutelle en 2009. La mission confiée audit comité consiste à examiner les conditions et les exigences nécessaires à la réalisation d'un programme électronucléaire et proposer une stratégie pour le développement de cette option, a précisé le DG du CNESTEN. Une évaluation approfondie des capacités nationales a été menée par le Centre en collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Plusieurs études sont réalisées notamment sur l'impact socio-économique et environnementale ainsi que la planification énergique à long terme de cette option. Aussi sera-t-il question d'élaborer de stratégies thématiques (RH, gestion des déchets radioactifs, participation de l'industrie nationale...) et de développer le cadre réglementaire nucléaire, sûreté, sécurité et radioprotection. Un rapport sera livré en 2020 comme précisé par Khalid El Mediouri.