Le colloque annuel organisé par Coface se veut une occasion pour zoomer sur les risques pays et sectoriels. L'expert en assurance-crédit anticipe que le nombre de défaillances d'entreprises augmentera dans 20 pays européens (sur 26 pays analysés). Le diagnostic élaboré récemment le 5 février 2019 à Paris par Coface fait ressortir que la combinaison de plusieurs éléments tels que la montée du risque politique, la forte volatilité des cours des matières premières, les contraintes d'offre sont à l'origine du ralentissement de la croissance mondiale en 2018 voire même de l'assombrissement des perspectives 2019 (3% en 2019, après 3,2% en 2018 et 2017). Dans une conjoncture aussi morose, Coface anticipe que le nombre de défaillances d'entreprises augmentera dans 20 pays européens (sur 26 pays analysés) pour atteindre 1,2% en zone euro et 6,5% en Europe centrale. Le risque de crédit accru pour les entreprises trouve son origine dans le ralentissement cyclique et les incertitudes politiques persistantes. En ce qui concerne le Maroc, le spécialiste mondial de l'assurance-crédit confirme la notation A4 (risque convenable et meilleure note en Afrique du Nord) aussi bien en matière d'évaluation des risques pays que d'environnement des affaires. D'autres pays tels que la Tunisie et l'Algérie se sont vues attribuées la note C (risque élevé), la Libye E (risque extrême) et l'Egypte B (assez élevé). Côté perspectives, Coface prévoit un taux de croissance de 3,3% en 2019 contre 3,1% en 2018. Le Maroc risque d'être impacté un tant soit peu par le secteur automobile qui constitue aujourd'hui une locomotive de développement pour le royaume. Le secteur de l'automobile est considéré comme un nouveau risque qui plane sur l'économie mondiale. Le secteur montre des signes d'essoufflement après un cycle de croissance d'environ 8 ans. Le besoin d'investir, une concurrence accrue, le changement de modes de vie des consommateurs, l'adaptation nécessaire aux nouvelles normes environnementales anti-pollution doivent se réaliser dans un contexte d'arrivée à maturité du marché chinois et de montée du protectionnisme. Ces évolutions poussent Coface à dégrader le secteur de l'automobile à « risque moyen » dans la quasi-totalité des pays d'Europe de l'Ouest ainsi que d'Europe centrale et de l'Est et à « risque élevé » en Amérique latine et en Amérique du Nord. Le risque politique restera plus que jamais d'actualité en 2019 en Europe. L'indicateur Coface de risque social est à son plus haut niveau depuis 2010. « Ces risques se matérialisant souvent à l'occasion de scrutins électoraux, les élections en Grèce mais aussi d'éventuels votes anticipés en Italie, en Espagne et en Allemagne seront à surveiller », avise Coface dans sa note d'information. Le mécontentement social qui se généralise et la montée de partis anti-européens prennent une ampleur suffisamment importante pour aboutir à un Parlement européen très fragmenté lors des élections européennes de mai 2019. Dans le monde émergent, en particulier en Afrique, où les populations ont désormais davantage de moyens d'exprimer leurs frustrations (triplement du taux d'accès à internet depuis 2010) dans un contexte de calendrier électoral chargé (Nigeria, Afrique du Sud et Algérie notamment), les risques politiques resteront à surveiller. Coface note des perspectives plus favorables du Mozambique dont les réserves de change sont au plus haut depuis 2014 et la croissance dépasse les 3% et du Rwanda où le climat des affaires est en constante amélioration et la dynamique de réformes ne faiblit pas. Le Liban est le seul pas en début d'année à subir une dégradation (désormais en D) pénalisé par les difficultés économiques financières. Lire également : Entretien / Frédéric Louat : Ces trois risques majeurs qui guettent le Maroc