L'assureur-crédit Coface vient de réaliser un baromètre des risques chez les principaux partenaires du royaume. La conclusion est que le risque demeure élevé dans l'Europe de l'Ouest, principal allié économique du Maroc. Les perspectives sont plus favorables de l'autre côté d'Atlantique tandis que l'Asie émergente nourrit les inquiétudes. Explications. Comment évoluent les risques de crédit chez les partenaires économiques du royaume en ce début d'année ? L'assureur-crédit Coface vient de réaliser un panorama consacré à l'évolution des secteurs à travers son baromètre trimestriel, qui évalue les risques de crédit par grandes branches dans trois grandes régions du monde, à savoir, l'Europe de l'Ouest, l'Amérique du Nord et l'Asie émergente. Premier constat, toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Selon Coface, l'Amérique du Nord continue sur sa lancée, avec des entreprises qui enregistrent des résultats en constante amélioration. Leur solidité financière se confirme, ce qui stabilise les risques sectoriels à des niveaux relativement confortables. Quant à l'Europe de l'Ouest, la sortie de crise est certes progressive, mais réelle. Sans opérer de changements majeurs, l'assureur-crédit français constate que le risque sectoriel tend à s'y stabiliser, en particulier dans les pays les plus touchés par la précédente récession. Enfin, l'Asie émergente constitue désormais une source d'inquiétude. Le ralentissement de l'activité en Chine met à nu des difficultés structurelles qui affectent la profitabilité des entreprises. Les secteurs en surcapacité doivent inévitablement se restructurer et cet incontournable processus s'accompagne d'une montée des risques. Le secteur de la métallurgie, synonyme de tous les excès, voit, dans ce contexte, son appréciation des risques dégradée. Europe de l'Ouest, un risque toujours élevé Si le Vieux continent commence à entrevoir le bout du tunnel, il n'a pas pour autant quitté la zone des turbulences. En effet, selon Coface, la fin de la récession en Europe de l'Ouest ne se traduit pas encore par une amélioration notable du risque sectoriel. Au premier trimestre 2014, le niveau de risque crédit reste particulièrement élevé dans les secteurs de la métallurgie, de l'automobile et de la construction. La métallurgie, dont le chiffre d'affaires et la profitabilité sont en recul persistant, est dépendante de la construction et de l'automobile, ses principaux débouchés. La vigilance reste de mise dans l'automobile européenne, malgré une dynamique positive, illustrée par six mois consécutifs de hausse des ventes. Cela amène Coface à maintenir ces deux secteurs dans la catégorie des «risques très élevés». La construction, dont le risque est considéré comme «élevé», voit ses carnets de commande se dégrader au niveau européen (-10% en janvier 2014) par rapport à janvier 2013), et les prix sont orientés à la baisse. À part l'Allemagne et le Danemark, où l'on constate une légère reprise, le secteur est fortement pénalisé par la diminution du nombre de permis de construire en Europe du Sud, en France et même au Royaume Uni. Amérique du Nord, des perspectives favorables Les choses sont bien meilleures de l'autre côté de l'Atlantique. Selon Coface, l'Amérique du Nord continue sur sa lancée, tirée par les bonnes performances des entreprises du contient. Nombre de signe laissent entrevoir des perspectives favorables. Ainsi, la solidité financière se renforce graduellement, ce qui stabilise l'appréciation du risque sectoriel. La majorité des secteurs sont évalués en «risque moyen» et les perspectives à court terme sont favorables dans plusieurs secteurs. Parmi eux, la mécanique qui attire de plus en plus d'investissements et consolide sa profitabilité (taux moyen de 17,5% fin 2013) et l'automobile qui dispose d'une confortable assise financière. Le risque de crédit dans le textile-habillement est également stable, avec 6000 emplois à créer et plus de 4 milliards de dollars d'investissements prévus en 2014. Asie émergente, nouvelle source d'inquiétude Contrairement à l'Europe de l'Ouest est à l'Amérique du Nord, où les risques ont tendance à se stabiliser, l'Asie émergente constitue une nouvelle source d'inquiétude. En Chine, le ralentissement de l'activité met à nu des difficultés structurelles qui affectent la profitabilité des entreprises. De manière générale, les secteurs en surcapacité dans cette zone sont désormais confrontés à un défi de restructuration. C'est le cas de la métallurgie où le processus d'assainissement des entreprises s'accompagne d'une montée des risques. Selon l'enquête de Coface en Chine (pays producteur de 49% de l'acier mondial), 80% des entreprises ont été victimes de retards de paiement en 2013. Il s'agit d'un record lors de ces trois dernières années. Dans ce contexte, la métallurgie en Asie émergente est pour le moment l'unique secteur que Coface dégrade en «risque très élevé». Les nouveaux défis de l'électronique en Asie L'industrie électronique devrait connaître un taux de croissance de plus de 3% par an jusqu'en 2017. L'Asie émergente étant le nouvel épicentre de l'innovation électronique, les entreprises misent désormais sur l'internalisation de la production et de la recherche. La dynamique du secteur est cependant confrontée à de nouveaux risques, comme le confirme la montée progressive des impayés constatés par Coface dans la région. En 2013, près de 3 entreprises sur 4 du secteur électronique en Asie pacifique ont connu en effet des retards de paiement, majoritairement dans le sous-secteur des composantes électroniques et de la distribution de biens électroniques grand public. Selon Coface, trois risques menacent le secteur de l'électronique en Asie : l'écart grandissant de capacité à investir en R&D entre les entreprises de taille moyenne et les géants du secteur, la montée des risques dans l'électronique de la Chine continentale et la concurrence de cette ernière, notamment pour Hong Kong et Taïwan.