74 En matière de Fintech, le Maroc accuse du retard, il faut l'admettre, dixit Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib lors du point de presse qui a suivi son entretien avec la Reine Maxima. La raison ? Les banques qui ne jouent pas le jeu. Mais pas seulement. L'inclusion financière au Maroc en veux-tu, en voilà ! La visite de la Reine Maxima en sa qualité de mandataire du SG des Nations unies pour la promotion de services financiers (UNSGSA) accessibles pour tous du 20 au 23 mars au Maroc, a été l'occasion de faire le point sur nombre de chantiers en lien avec la généralisation de l'accès aux services financiers à l'ensemble de la population, l'assurance inclusive, le mobile paiement, la digitalisation des services bancaires, la finance verte inclusive, etc. Ce qui a, bien évidemment et encore une fois, désigné les nouvelles technologies comme levier d'accélération de l'inclusion financière, de la réduction de l'usage du cash, le tout en toute rapidité, en toute sécurité et à moindre coût. Autrement dit les Fintech. Sauf que le Maroc est en retard, il faut l'admettre. C'est en ces termes que s'est exprimé le Wali de BAM, ce 22 mars lors du point de presse qui a suivi sa rencontre avec la Reine Maxima. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé, puisque la banque centrale a mis en place un guichet unique dédié au conseil et accompagnement des Fintech notamment dans leur relation avec le système bancaire. Il en a reçu un total de 70, essentiellement dans les systèmes de paiement. Sauf que les banques ne jouent pas le jeu voyant dans ces FinTech une rude concurrence, soutient A. Jouahri. Et ce n'est pas propre au Maroc, c'est une relation empreinte de complexité partout dans le monde. Jouahri a insisté sur l'importance de benchmarker et de trouver les moyens d'amener les banques et les Fintech à coopérer au sein d'un même écosystème FinTech en devenir pour rattraper le retard accusé par le Maroc et ne plus se priver de la valeur ajoutée des Fintech pour l'inclusion financière au Maroc. Dans cette même dynamique de promotion des FinTech et convergence des efforts, BAM travaille avec d'autres institutions telles que la CDG, l'ADD, le ministère de la transition numérique de sorte à établir les incitations et les mesures nécessaires pour qu'un tel écosystème puisse réussir et vite. Et ce n'est pas le seul chantier dont les résultats ne semblent pas satisfaire le gouverneur de la Banque centrale. Le M-wallet. Là encore, Abdellatif Jouahri tout en soulignant que la Stratégie nationale d'inclusion financière (SNIF) lancée en 2019 présente des résultats relativement positifs, et que le mobile banking est opérationnel et quelque 8 millions d'opérations effectuées par M-Wallet, mais il déplore que l'écosystème du paiement mobile peine à décoller. « C'est une question de culture, le Maroc est toujours classé parmi les premiers en circulation de cash », rappelle le Wali de BAM. Un cash qui présente un risque en termes de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, mais aussi en termes de coût pour alimenter en cash... Il plaide d'ailleurs pour la distribution des aides sociales par le canal digital pour réduire la circulation du Cash. A. Jouahri a rappelé une énième fois les avantages du mobile banking en termes de rapidité, de sécurité et de réduction de coût. Loin de se laisser décourager, A. Jouahri a souligné que le plan stratégique de BAM touche à sa fin en 2023 et l'institution est sur le point d'entamer la préparation du futur plan qui, va capitaliser sur les objectifs réalisés, les benchmarks et les goulots d'étranglement, pour améliorer davantage les objectifs et les outils pour réussir la mise en œuvre de la SNIF.