L'agenda du lancement du GNL sera revu. Mais en attendant la concrétisation du projet, les industriels sont désormais autorisés à importer du gaz naturel à une seule condition. Talon d'Achille de l'économie marocaine, la compétitivité des entreprises marocaines n'est toujours pas à la hauteur des aspirations du Maroc pour intégrer le cercle des pays émergents. Si notre économie est boiteuse et ne génère pas assez de richesses, c'est en grande partie à cause de l'énergie qui pèse sur le coût des intrants des entreprises. La facture énergétique hante les industriels notamment ceux opérant dans les secteurs énergivores à l'instar de celui du ciment, de la sidérurgie, de la céramique... L'accès à une énergie plus compétitive est une condition sine qua non pour booster notre industrie. D'ailleurs, les industriels ne cessent de réclamer le projet du gaz naturel liquéfié (GNL) qui peine à voir le jour. Contrairement au calendrier, le rendez-vous 2020 ne sera pas respecté comme l'a souligné le ministre de l'Energie Aziz Rebbah, lors d'une rencontre avec les médias. Il a annoncé que l'agenda du gaz naturel a été révisé. La raison : le mix énergétique va connaitre des changements structurels sans remettre en cause les grands objectifs. Rabbah a précisé d'emblée que les conseillers techniques, financiers, commerciaux et juridiques du projet, d'une enveloppe de 40 Mds de DH, ont été déjà choisis et ne restent que quelques éléments à concrétiser pour lancer l'appel d'offres relatif au choix du prestataire. Ce retard n'est toutefois pas sans conséquence sur la compétitivité des entreprises marocaines. En effet, le coût de transfert du gaz du Gharb en provenance de l'Algérie vers les autres régions industrielles du Maroc reste trop élevé. C'est pourquoi et afin de débloquer la situation en attendant l'aboutissement de ce projet stratégique, le ministère vient d'autoriser les industriels à importer du gaz naturel pour assouvir leurs besoins. Une décision prise en marge d'une réunion que le ministre a tenue avec les cimentiers, sidérurgistes et céramistes. Ces derniers devront, tout de même, se constituer en Groupement d'intérêt économique (GIE) pour pouvoir faire acheminer le gaz vers leurs zones d'activités. Lire également : OUVERTURE DE LA BASSE TENSION : LES PRINCIPALES RAISONS DU BLOCAGE
La question qui s'impose : Cela ne risque-t-il pas d'aller à l'encontre des intérêts de l'ONEE ? En effet, si les industriels compensent leur consommation d'électricité par le gaz naturel cela risque de se répercuter significativement sur les ventes de l'ONEE qui arrive difficilement à maintenir sa stabilité financière. A noter que les industries les plus consommatrices d'énergie (Très haute tension et Haute tension) représentent 15,3% du camembert de distribution de l'ONEE. Un manque à gagner important pour l'Office qui, faut-il rappeler, reste déficitaire sur les branches eau et électricité. D'ailleurs ce manque à gagner est la raison du blocage de l'ouverture du réseau national à la moyenne et basse tension. L'ouverture de la THT et la HT dans le cadre de la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables n'a pas donné les résultats escomptés. L'autoproduction électrique des industriels est très faible soit à peine 0,2% de la production globale de l'électricité (IPP 56,7% ; ONEE 28,6% ; 9,8% et 4,8% éolien). Les industriels sont actuellement en négociation avec le ministère de l'Energie pour porter la part de l'injection de l'énergie produite dans le réseau de 20% à 30% voire 35%, apprend-on d'une source proche du dossier.