Ecrit par la Rédaction | Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l'article IV avec le Maroc dans son rapport publié le 24 janvier. Les conclusions du Fond sont globalement positives. Des recommandations sont par ailleurs à l'ordre du jour pour emprunter les sentiers de la croissance inclusive. La publication des plans budgétaires triennaux accompagnant la Loi de Finances est considérée comme un pas en avant dans l'amélioration de crédibilité et transparence. En préambule, le FMI rappelle que la sécheresse et les retombées économiques de la guerre de la Russie en Ukraine ont pesé sur L'économie marocaine en 2022 et ce malgré la très forte réponse politique des pouvoirs publics.. Après un fort rebond de 7,9 % en 2021, l'activité économique devrait ralentir à 1% cette année, en raison de la chute de la production agricole, de l'aggravation de conditions climatiques entrainant un revenu réduit. En 2023, la croissance du PIB devrait atteindre 3% principalement tirée par la rebond de la production agricole et ses retombées positives sur le reste de l'économie. « Le choc négatif des termes de l'échange de la hausse des prix internationaux des produits de base a creusé le déficit commercial, mais la vigueur du tourisme, les revenus et les envois de fonds ont pu compenser en partie l'impact négatif sur le compte courant, et les réserves internationales qui restent à des niveaux confortables », rassure le FMI. Malgré l'augmentation des dépenses courantes dues à l'augmentation des subventions et à d'autres politiques mesures qui ont atténué l'impact économique des chocs, le déficit budgétaire global devrait selon le FMI chuter en 2022. Cela reflète également la bonne performance à la fois de la fiscalité (IS et TVA) et des recettes non fiscales (dividendes des entreprises publiques). Toutefois, le gouvernement doit déployer de nouvelles mesures fiscales pour accélérer la réduction de la dette publique et reconstituer de nouvelles réserves budgétaires. Le déficit du compte courant devrait se resserrer vers sa norme d'environ 3 % du PIB à moyen terme, dopé par les réformes structurelles. Les projections de base sont soumises à une incertitude inhabituellement élevée, principalement liée à une aggravation des conditions mondiales et de plus grandes retombées de la guerre de la Russie en Ukraine. Le ratio dette publique/PIB est projeté à environ 69 % d'ici fin 2022, ce qui est en deçà du niveau projeté. L'inflation devrait diminuer progressivement pour atteindre environ 4 % en 2023, à mesure que le prix des matières premières, le choc des prix se dissipe progressivement et l'orientation monétaire devient moins accommodante. La publication des plans budgétaires triennaux est un pas en avant dans l'amélioration de crédibilité et transparence. Le plan budgétaire triennal qui accompagne le budget 2023 représente une première étape importante vers un cadre budgétaire institutionnel plus solide, car il met en œuvre la loi de finances organique. « Publier régulièrement un rapport crédible, réaliste et cohérent le plan budgétaire à moyen terme pourrait rassurer les marchés quant à l'engagement des autorités et faciliter la mobilisation de l'aide financière, tant extérieure qu'intérieure. Il aide en plus à utiliser le plan budgétaire triennal pour orienter et communiquer sur les politiques budgétaires, la mise en place d'une nouvelle règle budgétaire, basée sur un ancrage de la dette à moyen terme bien calibré avec des limites opérationnelles »; lit-on dans le rapport. Les services du FMI se sont félicités du projet des autorités de poursuivre cette direction avec la collaboration du Fonds, en commençant par une mission d'assistance technique prévue en janvier 2023. Cette mission sera également l'occasion d'échanger sur la poursuite amélioration de la planification et de la budgétisation triennales, ainsi que des moyens possibles de renforcer contrôle du cadre à moyen terme et renforcer la responsabilisation S'agissant de la politique monétaire, la banque centrale du Maroc a réagi en resserrant quelque peu la politique monétaire. Jusqu'à présent le dirham s'est déprécié par rapport au dollar et l'euro (d'environ 15 et 6 %, respectivement), se rapprochant de la partie supérieure de ses ±5 % de la bande fluctuante. Le taux de change effectif réel s'est déprécié d'environ 1,5 %. L'inflation et le déficit du compte courant devraient diminuer, en supposant qu'il n'y ait plus de chocs extérieurs. L'inflation globale moyenne devrait culminer à 6,5 % en 2022 et diminuer progressivement pour atteindre environ 4 % en 2023 et 2,5 % d'ici 2024, à mesure que le choc des prix des matières premières se dissipe progressivement et l'orientation monétaire devient moins accommodante. Le déficit du compte courant est devrait augmenter à environ 4 % du PIB en 2022 avant de se rapprocher de sa norme de autour de 3 % à moyen terme, stimulé par les réformes structurelles et la poursuite des mesures de consolidation. Alors que les IDE et les emprunts extérieurs devraient financer le déficit du compte courant, la couverture des réserves de change diminuerait légèrement au cours des prochaines années en raison des changements de valorisation et du remboursement de la LPL. Aussi, selon le FMI, des progrès significatifs ont été réalisés dans un certain nombre de domaines, avec des réformes ayant un potentiel de relance de la demande intérieure et d'augmentation du potentiel de croissance du Maroc à l'horizon moyen terme. Des mesures importantes ont été prises pour étendre la protection sociale à tous les Marocains et avec un meilleur ciblage grâce à la mise en place d'un Registre social. Des réformes profondes des systèmes de santé et d'éducation ont été par ailleurs conçues pour améliorer l'accès, l'efficacité et la qualité des services, en renforçant le capital humain à moyen et long terme. La réforme des entreprises publiques, ainsi que l'opérationnalisation du Fonds Mohammed VI et la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l'investissement ont été également mis en avant.