Le rapport 2022 sur les délais de paiement montre un véritable contraste, entre les efforts du secteur public pour réduire ses délais de paiement face à un secteur privé, déjà mauvais élève, largement impacté par le Covid-19. Paradoxalement, le crédit inter-entreprise passe sous la barre de 400 Mds de DH. Détails. Selon le rapport annuel 2022 des délais de paiement, on note d'emblée le maintien de la tendance positive observée depuis l'année 2018 au niveau des délais de paiement du secteur public et ce, grâce aux efforts déployés par l'Etat, les Collectivités Territoriales et les Etablissements et Entreprises Publics ; alors qu'en face, on relève une dégradation des pratiques de paiement au niveau du secteur privé durant l'exercice 2020 fortement marqué par les répercussions économiques de la crise liée à la pandémie du Covid-19. Secteur public Les délais de paiement de l'Etat et des Collectivités Territoriales ont connu une amélioration remarquable au cours de ces cinq dernières années. En effet, les délais moyens de paiement de la commande publique de ces deux entités, calculés à 18,6 jours en 2021 sont aujourd'hui largement en deçà du délai légal de 60 jours. La réduction de ces délais a été réalisée grâce à la réforme des délais de paiement et des intérêts moratoires relatifs à la commande publique enclenchée par les pouvoirs publics en 2016. La mise en oeuvre de ces actions a porté ses fruits en termes de réduction des délais moyens de paiement de la commande publique de l'Etat et des Collectivités Territoriales. En effet, pour l'ensemble de la commande publique, les délais ont été ramenés en moyenne de 27.6 jours en 2017 à 21,1 jours en 2018, à 20.6 jours en 2019 puis à 18,4 jours en 2020 et enfin à 18,6 jours en 2021 dont 1925 jours pour l'Etat et 17,47 jours pour les Collectivités Territoriales. Quant aux marchés publics, les délais ont été ramenés en moyenne de 58 jours en 2017 à 42 jours en 2018, à 37 jours en 2019 puis 33,6 jours en 2020 et enfin 33,9 jours en 2021 dont 32.83 jours pour l'Etat et 37,4 jours pour les Collectivités Territoriales. Les délais de paiement de l'Etat et des Collectivités Territoriales au titre de l'année 2021, correspondants à une commande publique globale de 622 milliards de DH pour 213.577 actes d'achats publics et qui ne présentent pas de grandes disparités entre l'Etat et les Collectivités Territoriales. S'agissant du montant des intérêts moratoires payés aux fournisseurs de l'Etat, il ressort en nette diminution en 2021. En 2021, 8,5 MDH ont été payés à ce titre contre 20,3 MDH en 2020 et 31,2 MDH en 2019. En 2021, 97.8% des intérêts moratoires payés concernent des retards de paiement imputables à la nature de dépenses « marchés publics ». En outre et globalement en 2021, 40% des intérêts moratoires payés ont été faits à l'initiative des ordonnateurs et 60% ont été réglés par les comptables sous forme de dépenses sans ordonnancement préalable. Secteur privé Selon les résultats, issus du dispositif de Bank Al-Maghrib relatifs à l'exercice 2020 et publié dans le rapport, on note une dégradation des pratiques de paiement des entreprises, bien qu'elle diffère d'intensité d'une catégorie à une autre. D'un point de vue sectoriel, les secteurs d'activité les plus touchés par la crise COVID semblent être les plus impactés par la hausse des délais de paiement, notamment dans les services, l'hébergement-restauration et le secteur des transports. Par taille, et malgré une dégradation globale des comportements de paiement, ce sont les TPE qui restent les plus pénalisées par les pratiques actuelles, avec des délais clients qui dépassent pour la première fois 200 jours de CA. L'analyse des comportements de paiement des entreprises en 2020 fait état d'une dégradation, avec des délais de paiement fournisseurs moyens atteignant 123 jours d'achats (JA). Du côté clients, la moyenne globale se situe autour de 193 jours de chiffre d'affaires (JCA), mettant en évidence l'ampleur des retards supportés par les entreprises. Dans ces conditions, le niveau du solde commercial s'est inscrit en hausse, s'établissant à 89 jours de chiffre d'affaires. L'analyse des ratios individuels des délais de paiement fournisseurs fait ressortir que la tranche d'entreprises3 qui règlent leurs factures dans les délais réglementaires de 60 jours a baissé en 2020, passant de 64% à 59% reflétant ainsi les difficultés rencontrées par ces dernières pendant la crise. En parallèle, les entreprises qui payent leurs fournisseurs au-delà de 120j représentent désormais un peu plus du quart des entreprises étudiées, soit 26%, après 24% en 2019 et 2018, et 21% en 2017. Du côté clients, si la part des entreprises payées dans des délais inférieurs à 60j reste relativement stable au cours de ces quatre dernières années, autour de la moitié des entreprises, celle des entreprises qui attendent au-delà de 120 jours pour récupérer leurs créances n'a cessé d'augmenter. Elle est passée de 32% en 2017 à 34% en 2018 et 2019 et à 36% en 2020. Par ailleurs, le rapport qui détaille également le dispositif de calcul de la CGEM, révèle une baisse de 10% du crédit inter-entreprise passant de 413 Mds de DH en 2019 à 372 Mds de DH en 2020. Aussi, pour la première fois depuis 2012, le montant du crédit interentreprises est passé légèrement en-dessous du crédit bancaire. Plusieurs explications sont possibles : baisse des transactions inter-entreprises en 2020 du fait de la crise, offres Damane Relance et Oxygène qui ont permis d'injecter des liquidités dans le circuit… selon la même source. L'allongement des délais de paiement depuis 2010 représente la première cause de mortalité des entreprises. 98% des entreprises défaillantes en 2020 sont des TPE avec des délais clients de 279 jours en 2020.