Ecrit par Lamiae Boumahrou | Un an après les élections législatives, le gouvernement se penche enfin sur le dossier de la réforme de la retraite. La première réunion de la commission chargée de la réforme de retraite s'est tenue ce mercredi 5 octobre pour poser les premiers jalons de la concertation autour de cette réforme tant attendue. Les parties prenantes trouveront-elles un terrain d'entente ? Parmi les dossiers chauds sur lesquels le gouvernement Akhannouch est très attendu celui de la réforme de la retraite. Une réforme qui traine depuis des années et qu'aucun des précédents gouvernements n'a osé achever. Il aura fallu attendre 1 an après les élections législatives pour mettre sur les rails cette réforme tant attendue et ô combien urgente. Il faut dire que l'actuel gouvernement n'a pas d'autre choix que d'ouvrir cette boîte de pandore. Et pour cause, cette réforme est indispensable pour entamer la troisième phase du chantier de la généralisation de la couverture sociale qui consiste à élargir à l'horizon 2025 l'assiette des adhérents aux régimes de retraite. Il s'agit d'inclure les personnes qui exercent un emploi et ne bénéficient d'aucune pension et ce à travers la mise en application du système des retraites propre aux catégories des professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non-salariées qui exercent une activité libérale. Une population estimée à 5 millions de personnes, qui vient s'ajouter aux actifs des bénéficiaires des régimes de retraite. Il y a donc urgence. C'est pourquoi le gouvernement et les différentes parties prenantes doivent s'y mettre sérieusement et rapidement pour être au rendez-vous de ce chantier royal. C'est dans cette optique que s'est tenue ce mercredi 5 octobre 2022 la première réunion de la commission chargée de la réforme de retraite dont la création s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions de l'Accord social et de la Charte Nationale du Dialogue social, conclus, le 30 avril dernier, entre le Gouvernement, les centrales syndicales et les organisations et associations professionnelles des employeurs. Présidée par Nadia Fettah, ministre de l'Economie et des Finances, cette réunion a été l'occasion de poser la première pierre du dialogue et des discussions entre les différentes parties prenantes qui y ont pris part à savoir les représentants des syndicats les plus représentatifs (l'Union Marocaine du Travail, l'Union Générale des Travailleurs du Maroc et la Confédération Démocratique du Travail), la CGEM, la CMADR, les représentants des départements ministériels concernés, de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale, de la Caisse Marocaine des Retraites, du Régime Collectif d'Allocation de Retraite ainsi que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. La ministre a rappelé que la création de cette commission émane de la volonté du Gouvernement, des syndicats et des associations professionnelles des employeurs de lancer la réforme systémique des régimes de retraite dans un cadre de dialogue ouvert et constructif entre l'ensemble des partenaires, et ce dans l'objectif de mettre en place un système de retraite à deux pôles « public » et « privé », conformément aux recommandations de la Commission Nationale chargée de la réforme de retraite, en 2013. « Lors de cette première réunion de la commission, les différentes parties prenantes ont affirmé qu'elles étaient prêtes et engagées à se pencher ensemble sur cette réforme », nous a affirmé la ministre. Elle a également précisé qu'il était question dans un second temps de se mettre d'accord sur la méthodologie à adopter pour entamer ce travail. « Le dossier est stratégique pour notre pays et les attentes sont importantes. Sachant qu'il y a plusieurs aspects notamment sociaux, économiques, politiques et technique, il est important d'adopter une métrologie de travail qui va consister à partager les études réalisées jusqu'à aujourd'hui avec toutes les parties prenantes et établir un diagnostic », a-t-elle souligné. Il est donc question de définir les principes de base sur lesquels vont travailler les parties prenantes. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Certes les représentants des centrales syndicales et des organisations et associations professionnelles des employeurs ont salué cette initiative, mais ils ont rappelé leurs attentes quant aux objectifs qui sont assignés à ce chantier. Dans ce sens, la Ministre de l'Economie et des Finances a assuré que cette commission constitue un levier essentiel pour la reprise du dialogue autour de ce chantier stratégique et une occasion d'échanger avec les partenaires sociaux sur leurs attentes. Ainsi, les participants ont validé la démarche de travail et le calendrier des travaux de cette commission qui devraient aboutir avant le prochain round du dialogue social sur un scénario de réforme et une feuille de route pour sa mise en œuvre. Interpellée sur la deadline fixée pour faire aboutir ce chantier stratégique, la ministre a précisé : « nous avons fait une proposition sur une deadline de 6 à 7 mois. Nonobstant, il y aura certainement des parties prenantes qui considéreront que nous aurons besoin de plus de temps. Il est vrai que la réforme a tardé mais s'il faut un peu plus de temps, nous estimons qu'il est important d'accorder le temps qu'il faut pour que toutes les parties prenantes soient convaincues que les solutions proposées sont les plus équilibrées ». L'implication de tous est en effet impérative pour faire réussir ce chantier qui aspire à faire aboutir un long processus de réforme avec la mise en place d'un système de retraite à deux pôles, public et privé, à même de garantir les droits des affiliés actuels et futurs. Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM La réforme de la retraite est un chantier très important puisque chez nous comme dans d'autres pays, les systèmes de retraite, avec l'allongement des espérances de vie, connaissent des déficits. C'est pourquoi nous avons besoin de revoir notre système de retraite. Aujourd'hui, nous devons saluer le courage du gouvernement qui a décidé d'affronter cette réforme. Cela dit, la CGEM est mobilisée avec les syndicats pour revoir le système des retraire actuel qui malheureusement ne couvre que la moitié de la population. Il y a donc plusieurs sujets à discuter dans le cadre de ce dialogue notamment la question de l'élargissement des personnes ayant droit à la retraire, la question de l'équilibre des caisses ainsi que la question de pouvoir d'achat. Il faut que le taux de remplacement des salaires soit suffisant pour que nos retraités vivent dans des conditions acceptables. Quant au rôle de la CGEM dans cette réforme, je précise que nous avons une doctrine sociale tout en défendant le rôle des entreprises dans l'économie. Notre rôle est de trouver l'équilibre entre la nécessité de répondre aux questions précitées d'une part et d'autre part garantir un impact acceptable sur les entreprises et les employés.