«Il faut s'attendre à une réforme douloureuse». Les propos émanent d'un membre de la commission technique chargée de la réforme des systèmes de retraite. Une réunion de ladite commission qui devrait avoir lieu cette semaine n'aura finalement pas lieu. Notre source affirme que le démarrage par le gouvernement des premières réunions du dialogue social est à l'origine de ce report, mais pas seulement. En effet, il existe également d'autres raisons, notamment les divergences entre les différentes parties engagées dans la réforme des caisses de retraite. «Les syndicats, l'Etat et le patronat ne se sont pas encore mis d'accord sur les sacrifices que chacun doit consentir dans la réforme des caisses de retraite. Il est aujourd'hui évident que nous serons amenés à faire des choix difficiles comme la hausse des cotisations et la limitation des pensions», explique la même source. La commission technique doit se réunir prochainement pour présenter son rapport sur la réforme qui sera soumis à la commission nationale qui regroupe les secrétaires généraux des centrales syndicales et le chef de gouvernement. Le hic, c'est que cette dernière ne s'est réunie qu'une seule fois depuis sa création sous le gouvernement de Driss Jettou. Pourtant, l'accord signé entre l'ancien chef de gouvernement, Abbas El Fassi, et les syndicats en avril 2011, prévoyait une réunion de la commission nationale en mai 2011. Une réunion qui n'a pas eu lieu en raison de débat à l'époque sur la nouvelle Constitution. Aujourd'hui, rien n'indique que cette commission se réunira de sitôt en raison des divergences au sein de la commission technique. «Dans toutes les réunions que la commission technique a tenues, il était toujours question de la pérennité des régimes de retraite et des équilibres financiers des caisses nationales. La revalorisation des pensions de retraite n'a pratiquement jamais été à l'ordre du jour», explique ce syndicaliste, membre de la commission technique. Et de poursuivre: «Une partie non négligeable des retraités marocains touche mensuellement des pensions qui sont insuffisantes pour lui garantir une vie décente. Il convient donc d'explorer les moyens nécessaires pour adapter les pensions des retraités au coût de la vie actuel et à leurs besoins». Alors que les divergences des parties concernées par la réforme se poursuivent toujours, la situation de certaines caisses de retraite ne cesse d'empirer. C'est le cas notamment de la CMR (Caisse marocaine des retraites) qui connaîtra ses premiers soucis financiers dans les prochains mois, voire les prochaines semaines. Cette caisse réservée aux employés de la fonction publique semble être d'ailleurs la priorité, notamment du gouvernement. Mais la tâche s'annonce difficile pour l'Exécutif. Car pour les syndicats, l'Etat est le premier responsable dans les difficultés financières de la CMR. «Durant plusieurs décennies, l'Etat employeur n'a pas versé sa part patronale des cotisations. Cette situation a fait que cette caisse est aujourd'hui au bord de l'asphyxie. C'est au gouvernement donc de prendre toutes ses responsabilités pour rétablir l'équilibre de la CMR», affirme ce syndicaliste. Dans le dernier conseil d'administration de la Caisse, le ministre de l'économie et des finances a promis des mesures spéciales pour sauver la CMR sans pour autant donner des détails. Une session extraordinaire du CA de la Caisse est prévue dans les prochaines semaines pour examiner l'offre du gouvernement qui sera contenue dans la loi de Finances 2013.