Le secteur agricole est sans doute l'un des moteurs de croissance et de développement du Royaume. Un moteur dont le rendement dépend de plusieurs facteurs pour ne citer que la pluviométrie. Aujourd'hui et pour relever les défis du secteur, il est impératif d'intégrer la composante du digital dans les stratégies et politiques agricoles. D'où la question : où en est le Maroc en matière d'agriculture digitale ? La question a fait l'objet d'une table rende organisée par la Chambre de Commerce Suisse au Maroc sous le thème « Agriculture digitale : Quelles opportunités pour le Maroc ? ». En réponse à la question, les opportunités sont énormes à en croire les différents intervenants. Majid Lahlou, Directeur des systèmes d'information au sein du ministère de l'Agriculture a confirmé que le digital permet d'apporter des réponses concrètes aux défis et d'augmenter ainsi la productivité agricole. Il a précisé que pour répondre aux besoins de plus en plus croissants de la population, la production agricole devra doubler dans les prochaines années. Conscient de la nécessité de garantir la sécurité alimentaire du pays, le ministère a intégré le numérique dans la stratégie agricole. Plusieurs innovations technologiques ont été développées pour accompagner les agriculteurs dans l'augmentation de leur productivité. Le budget alloué par le ministère pour le volet digital est de 30 MDH pour l'exploitation, le fonctionnement et l'investissement. Un budget faible par rapport aux défis à relever dans ce secteur. « La transformation digitale est aujourd'hui un élément central de la gouvernance de notre département. Elle nous permet d'accroître les synergies organisationnelles, de fournir les informations de pilotage et de suivi de performance aux dispositifs du département notamment en matière de prise de décision », a précisé Majid Lahlou. Malheureusement, malgré les efforts déployés, l'agriculture est encore faiblement numérisée comparativement à d'autres secteurs tel que le tertiaire. Et pourtant l'intégration du digital dans le processus de production permet d'augmenter de 15% la productivité agricole. Un enjeu de taille tenant compte que 90% du tissu agricole sont des petits agriculteurs avec des parcelles de moins de 5 hectares. Pour y remédier à cette faible numérisation, un important dispositif à plusieurs stades a été déployé pour aligner le système d'information du département de l'agriculture sur la Stratégie Plan Maroc vert. Parmi les programmes mis en place le registre national des agriculteurs, système des aides et des bonifications agricoles (SABA), SIG agricole, suivi des prix du marché (Asaâr), suivi des marchés internationaux (EACCE).... Le ministère a développé des logiciels pour aider l'agriculteur à prendre les bonnes solutions et ainsi à améliorer leur rendement. Le système de suivi de la campagne agricole « Crop Growth Monitoring System-Maroc » permet à titre d'exemple la prédiction agro-météorologique des récoltes céréalières ainsi que la surveillance du développement des cultures à partir des conditions météorologiques des caractéristiques des sols et des paramètres des cultures. Pareil pour le système d'avertissement à l'irrigation, un outil de prise de décision pour répondre aux besoins des exploitations agricoles équipées en irrigation localisées en vue de mieux gérer l'eau d'irrigation à l'échelle de la parcelle comme a expliqué le DSI du ministère. Pour donner un ordre de grandeur, Majid Lahlou a précisé que grâce à ces outils, le département a réussi à économiser 400 MDH sur les 6 Mds de DH prévus dans le Plan d'urgence contre la sécheresse. Cela pour dire que la transformation digitale du secteur agricole et agro-industriel est une opportunité qu'il faut saisir pour faire face aux enjeux et challenges comme a expliqué le DSI du ministère. A noter qu'une étude est en cours d'élaboration avec la Banque mondiale pour établir les retombées de la digitalisation sur le secteur, la durée de l'implémentation ainsi que pour définir le modèle à suivre. Cela dit, le Maroc a encore du pain sur la planche en matière de numérisation de son agriculture dans le but d'augmenter sa productivité et par conséquence tirer la croissance vers le haut. Lire également : AGRICULTURE : LES MESURES INCITATIVES D'AKHANNOUCH POUR GARANTIR UNE BONNE CAMPAGNE AGRICOLE Lire également : RENDEMENT CAMPAGNE CEREALIÈRE 2017-2018 : UN RECORD HISTORIQUE AVEC 22,9 QX/HA