Anas Sefrioui a pris la vague des programmes sociaux pour glisser vers l'immobilier de haut de gamme. Il lui a fallu de la volonté, du savoir-faire et des équipes triées sur le volet. Anas Sefrioui est plus qu'un simple Fassi qui a réussi. Le patron de Douja Promotion (Groupe Addoha) dégage une assurance innée, accentuée par des manières douces qui recèlent un brin de fermeté. «Il ne suffit pas de construire des logements pour faire fortune», nous avait-il lancé il y a quelques mois au siège de sa société à Casablanca. C'était sa façon de dire que l'immobilier est un métier à part entière. L'école d'Anas Sefrioui c'est son père, Haj Abdeslam Sefrioui. Exploitant minier de son état, il lui ouvre la voix de l'entreprenariat à la marocaine, mais dans un habillage qui aspire à la modernité. A trente ans, Anas Sefrioui avait déjà roulé sa bosse dans le monde des affaires, notamment dans l'emballage de ciment et le transport maritime. Dès 1987, il se lance dans la viabilisation et le lotissement de terrains économiques. Ce n'est pas encore le jack pot, mais sa préparation. Car, dans les coulisses, le Maroc préparait le lancement du programme de 200.000 logements. Anas Sefiroui commence timidement dans la promotion immobilière, mais le big bang ne tardera point. Au début des années 2000, la loi des finances apporte une solution inédite : l'article 19 avec des avantages fiscaux pour les promoteurs qui mettraient chacun sur le marché 5.000 logements en cinq ans. Le Maroc découvre dès lors une marque qui s'appelle Addoha. Douja Promotion avait pour elle deux avantages qui lui donnaient une longueur d'avance par rapport à la concurrence. Tout le business de Douja Promotion s'est focalisé sur le logement social dans les grandes villes. Ce qui explique que les premiers programmes mis en vente étaient presque au centre ville. Ensuite, la société a rapidement pris conscience de la valeur d'un marketing agressif. Le matraquage publicitaire était tel que certain produit de garantie, initié par l'Etat comme le Fogarim, ont été assimilés à des offres de Douja Promotion Groupe Addoha. «Le lancement de programme d'envergure nécessite une cadence de vente accélérée. Le moindre retard peut causer des dégâts à la rentabilité du projet», nous a expliqué Sefrioui. Ce qui explique que la société immobilière ait engagé des commerciaux pour faire du porte-à-porte. Le succès de la méthode Sefrouiri réside surtout dans le choix de ses hommes. Il s'est entouré de cadres pointus issus de milieux différents. Des banquiers, des architectes et urbanistes, mais aussi des commerciaux et marketeurs avérés. Dans cette communauté de tâcherons à col blanc, le business est sacré, mais avec des règles de conduites strictes et transparentes. La preuve ?L'immobilière n'a pas hésité à dévoiler ses comptes pour trouver une place à la cotation à la Bourse de Casablanca. Mieux encore, la société a entamé une nouvelle phase de son développement. Depuis quelques jours, elle vient de se porter acquéreur de 50% du capital de Fadesa Maroc. Et à travers cette opération, Sefrioui nous adresse à tous un message fort : les Marocains ont tout à gagner à se prendre au sérieux car dans certains métiers, ils peuvent être (ou ils sont déjà) des leaders locaux, voire même régionaux.