Après la CAN 2017, superbement maîtrisée et organisée au Gabon – un pays dont certains médias occidentaux disaient qu'il était à feu et à sang – la vie du foot africain reprend son cours normal dans les pays du continent. D'ailleurs où sont-ils, depuis dimanche, ces journalistes qui prophétisaient que l'opposition au président Ali Bongo allait empêcher ou perturber la tenue de cette compétition ? Ils ont dû, comme on le dit, en Afrique, aller cacher leur honte dans l'étang aux crapauds, où grouillent toutes sortes de bestioles aux idées rampantes. Oui, la CAN 2017 fut belle et elle couronna un champion inattendu : le Cameroun. Certes, le pays de Roger Milla remportait là, son cinquième trophée, mais cela faisait si longtemps que le Cameroun ne brillait plus sur la scène continentale, qu'on l'avait un peu oublié. Pensez que son dernier titre remonte à 2002. Quinze ans plus tard, revoici donc le Cameroun au sommet de l'Afrique, alors qu'il était arrivé avec une équipe diminuée de sept titulaires (ils ont boudé l'appel de leur sélectionneur) et aussi une équipe qui est passée à deux doigts de l'élimination face au Gabon, lors des matchs du premier tour et qui en finale, c'est à deux minutes de la fin de la rencontre que le salut arriva devant une Egypte qui se voyait déjà pousser le Cameroun aux prolongations, voire aux pénaltys. Extraordinaire Cameroun, qui mérite bien son surnom d'Indomptable et qu'il sera bien difficile d'aller déloger en 2019 lorsque ce sera à son tour d'organiser la CAN dont il se présente d'ores et déjà comme favori. L'entraîneur de la sélection, le Belge Hugo Broos savoura en silence le triomphe et en tire une conclusion intéressante : «Quand je suis arrivé au Cameroun, j'ai trouvé un groupe de joueurs vieux et démotivés. Ils ne venaient pas parce qu'ils en avaient envie, mais parce qu'on leur demandait de venir, j'ai pris des nouveaux, mis des jeunes et nous avons commencé à travailler. Nous avons une équipe maintenant. Ce n'est pas un groupe de joueurs, mais un groupe d'amis. Sans stars». Petite pique envoyée à ceux qui ont préféré les championnats européens, craignant pour leur place de titulaire, à la sélection nationale. Le Maroc qui rencontrera prochainement le Cameroun, en éliminatoires de la CAN 2019 (match sans réel enjeu, car le Cameroun en tant que pays organisateur est qualifié d'office, mais les points du match compteront dans le classement du groupe de qualifications) doit, désormais, tirer les leçons de cette CAN. Vue l'impression laissée par les hommes d'Hervé Renard, la satisfaction n'est pas loin, et le Président Faouzi Lakjaâ ne laisse passer aucune occasion pour exprimer sa satisfaction et sa volonté de laisser Hervé Renard continuer son travail. Mais il ne sied pas d'avoir trop d'euphorie, car il y a quelques bémols dans ce torrent de congratulations. Il se trouve que le Maroc n'est pas arrivé en demi finale, et donc encore moins sur le podium. Notre sélection se classe derrière le Burkina Faso, l'Egypte, le Sénégal, la R.D. Congo, le Ghana, et le Cameroun. Bien sûr comparée aux éditions passées, cette présence au Gabon est une performance, mais n'est-il pas nécessaire de réfléchir à comment faire mieux ? C'est de cette réflexion qui devrait être menée à très haut niveau que se dessinera l'avenir de l'équipe nationale et donc du football tout entier. Puisque chez nous, beaucoup de choses dépendent de l'état de santé des «Lions de l'Atlas». Des Lions dont leurs compères du Cameroun, rugissent plus fort et plus longtemps.