pour les opérateurs de la place désireux de se positionner sur l'assurance Takaful. La loi 59-13 portant code des assurances et devant réglementer cette nouvelle industrie a été publiée au Bulletin Officiel en version arabe, mais il reste encore la version française. Et, le fait qu'il n'y ait toujours pas encore un gouvernement officiel n'arrange pas la situation. Or, certains produits des banques participatives, qui seront bientôt lancés, ont besoin d'être adossés à l'assurance participative. Cette situation pourrait aussi impacter l'offre de ces nouvelles banques qui vont voir le jour. Il faut dire que jusqu'à présent, l'ACAPS (Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance) n'a pas encore sorti une circulaire qui pourrait orienter les professionnels sur la marche à suivre, en termes de démarches pour avoir un agrément. «L'assurance participative est étroitement liée à l'émission des soukouks. Pour que l'écosystème soit équilibré, il nous faut aujourd'hui le Takaful», souligne Saïd Amaghdir, Président de l'AMPF (Association Marocaine des Professionnels de la Finance Participative et Sharia-Compliant), qui estime que les choses devraient se mettre en place incessamment. «L'idéal serait que les produits des banques participatives démarrent en parallèle avec les produits d'assurance participative. Par exemple, une banque participative qui veut lancer le produit Mourabaha a besoin de l'adosser à une assurance qui doit être Sharia-Compliant, mais vu que cela n'est pas encore possible, elle sera obligée de l'adosser à l'assurance classique», poursuit-il. Selon les détails recueillis auprès de la profession, l'assurance participative proposera en premier lieu, une fois que tout sera mis en place, une gamme de «Family Takaful», c'est-à-dire l'assurance vie. «Les produits concerneront tout ce qui est éducation, retraite, épargne essentiellement. A cette première catégorie de produits, s'ajouteront tout ce qui concerne le décès, risque Habitat etc. Il faut savoir que tous les produits qui seront lancés par les banques participatives auront leurs équivalents au niveau des établissements d'assurance Takaful», détaille Said Amaghdir. Notons que ces futures compagnies d'assurance, dans leur stratégie d'investissement, sont tenues de détenir au moins 30% en Bon du Trésor classique. Du côté des banques participatives, on estime que cette attente liée à l'assurance Takaful peut impacter l'élan de cette nouvelle industrie qui va voir le jour. «L'idéal pour nous au lancement est d'avoir l'offre complète avec les produits d'assurance participative. Il faut que tout soit finalisé, mais si ce n'est pas le cas, nous ferons ce que le Conseil Supérieur des Oulémas nous dira de faire», explique, ainsi, Abdelali Bennouna, Directeur Banque Participative du Crédit du Maroc (CDM), qui nourrit des ambitions quant à ce nouveau segment. «Nous allons proposer des produits d'assurance participative, mais le souci, c'est que nous n'avons encore aucune idée sur la réglementation», concède-t-il. Une chose est certaine, c'est que ce nouveau marché présente de forts potentiels en termes de croissance. D'après le cabinet Ernst & Young, le marché mondial du Takaful devait représenter 25 milliards de dollars en 2015, en termes de chiffre d'affaires, avec 49% des primes collectées dans les pays du Golfe. Cependant, les opérateurs marocains devront encore prendre leur mal en patience.