Fondation Mohammed VI de réinsertion des détenus. Dans la plupart des pays, l'augmentation de la population carcérale, la radicalisation criminelle ou jihadiste et la récidive sont devenues des questions lancinantes qui hantent les pouvoirs publics. Sans politique de prévention, la prison risque de devenir, non un lieu de limitation, mais de prolifération du crime sous ses différentes formes. Comme dans bien d'autres domaines, le Maroc, grâce à la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, a apporté à ces graves problématiques des réponses adéquates et spécifiques, qui en font un leader dans le Monde Arabe et en Afrique. PAR S. Alattar Comment transformer le milieu carcéral, d'un lieu de châtiment et de désolation, en un lieu d'espoir et de régénération de la personnalité ? Tel est l'objectif des multiples initiatives de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus. Son action témoigne de la ferme volonté du Souverain, mainte fois exprimée, de promouvoir, à travers des projets concrets, la dignité humaine et les droits des personnes, même quand elles sont en situation privative de liberté. Depuis sa création en 2002, la Fondation Mohammed VI a lancé un vaste programme et des projets novateurs en faveur de la population carcérale des établissements pénitentiaires et des centres de protection de l'enfance, dans une perspective d'humanisation des conditions de détention et de préparation des détenus à leur insertion dans l'environnement social. L'action de la Fondation dans ce domaine, est constamment guidée par la feuille de route que le Souverain a tracée lors de l'ouverture de l'année judiciaire, le 29 janvier 2003 : "La sollicitude particulière que Nous réservons à la dimension sociale, dans le domaine de la justice, ne serait pas complète, sans que nous assurions aux citoyens incarcérés leur dignité humaine, qui, du reste, ne leur est pas déniée du fait d'une décision de justice privative de liberté". Le pari réussi de la formation professionnelle Les multiples projets et actions pilotes de la Fondation visent, en partenariat avec les départements ministériels concernés, à préparer et à faciliter aux détenus ayant purgé leurs peines, l'intégration socioprofessionnelle dans leur vie post carcérale. Par son action, la Fondation veut livrer un message d'espoir en direction de l'ensemble des composantes de la société et démontrer qu'on peut transformer le monde fermé des prisons, en un espace de qualification et de promotion professionnelle. Pour réussir ce pari, la Fondation a mis en place un programme d'investissements pour doter les centres pénitentiaires et de protection de l'enfance, d'équipements appropriés. L'accent est ainsi mis sur la formation professionnelle pour permettre aux détenus d'acquérir des compétences techniques et d'apprendre un métier à même de leur ouvrir des opportunités sur le marché du travail. Par ailleurs, le processus d'apprentissage a d'autres vertus, notamment celles de permettre aux détenus un redressement moral et de corriger leur comportement. C'est dans cette perspective, qu'intervient le lancement par le Souverain, vendredi 3 juillet, à Casablanca, du programme d'appui aux microprojets et à l'auto-emploi au profit des ex-détenus-Ramadan 2015, pour pérenniser et consolider l'intégration socioprofessionnelle de cette catégorie de population. Ce programme est initié par la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, pour un coût global de plus de 5 millions de dirhams. Le programme bénéficiera à 317 anciens détenus. Le lancement par la Fondation de ce nouveau programme reflète l'attention toute particulière accordée sans cesse par le Souverain au processus d'humanisation et de qualification de l'univers carcéral, afin de leur permettre de bénéficier de l'assistance poste-carcérale nécessaire à même de faciliter leur réinsertion active dans leur environnement socioéconomique. Le microcrédit au service de l'assistance post-carcérale Le programme d'appui aux microprojets et à l'auto-emploi des ex-détenus-Ramadan 2015, consistera à apporter un appui financier ou en équipements à des ex-détenus porteurs d'un projet de vie personnel, élaboré sur la base d'un diagnostic établi pendant la période de détention avec l'assistance du service de préparation à la réinsertion, en adéquation avec la formation et le savoir-faire des bénéficiaires, ainsi qu'avec les besoins du marché du travail. Consciente de l'importance d'assurer le suivi des détenus après leur libération en vue de leur réinsertion dans la société, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus a réalisé, durant la période 2006-2015 plusieurs centres d'accompagnement post-carcéral dans les villes de Casablanca, Salé, Agadir, Oujda, Marrakech, Fès, Tanger, Settat et Béni Mellal. D'autres sont en cours de réalisation à Safi, Tétouan, Khouribga, Meknès, Nador, El Jadida et Laâyoune. En 2014, le nombre de personnes ayant bénéficié, après leur libération, de l'insertion à travers l'éducation et la formation professionnelle, ainsi que de stages d'apprentissage et de stages rémunérés s'est élevé à 1.401, dont 63 femmes et 644 mineurs. L'accompagnement des personnes souffrant de conduites additives, figure aussi au centre des préoccupations de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus qui a assuré, dans ce cadre, l'accompagnement de 6.283 personnes en 2014. D'autres programmes renforcent la formation professionnelle, notamment ceux liés à l'éducation, le sport et la santé. Il s'agit donc d'un ambitieux programme pour requalifier la population carcérale et préparer sa réinsertion post-carcérale. En effet, le plan d'action de la fondation se fixe pour priorités la promotion des activités d'animation socioculturelle et sportive au sein des établissements pénitentiaires, l'application optimale de la règle de droit, la lutte contre l'analphabétiS.M.e et la qualification professionnelle des détenus. Ce plan d'action, destiné à une population carcérale de près de plusieurs milliers de personnes, vise dans l'ensemble à alphabétiser un grand nombre de détenus et à donner l'accès à l'enseignement au profit de ceux qui y sont éligibles, ainsi qu'à créer progressivement, dans la plupart des prisons, des centres de formation professionnelle et des ateliers d'initiation en matière d'artisanat et de petits métiers. Les formations dispensées dans ces centres couvrent la menuiserie, l'électricité de bâtiment, la mécanique auto, la plomberie sanitaire, la plâtrerie, la peinture, la ferronnerie et la soudure, la couture, l'informatique, la coiffure et l'esthétique. Consciente de la nécessité d'assurer le suivi des détenus après leur libération, en vue de leur réinsertion dans la société, la Fondation a lancé un vaste programme de création de centres d'accompagnement post-carcéral, destinés en priorité aux ex-détenus ayant investi le temps de leur incarcération dans la réadaptation et la qualification et ayant manifesté la volonté de porter un projet personnel. L'objectif, est de permettre aux ex-détenus d'assumer leur entière citoyenneté et de s'intégrer dans la démarche de développement global du Royaume. Ces centres d'accompagnement post-carcéral, dont certains sont déjà opérationnels et d'autres en phase de réalisation dans les différentes régions, sont encadrés par des assistants sociaux et une cellule spécialisée pour la recherche d'emplois, la résolution de problèmes et le suivi médical. En complément à ces initiatives à fort impact social, la fondation accorde une attention particulière aux loisirs et aux activités éducatives et d'animation artistique, avec pour objectif de promouvoir les capacités créatives et les talents professionnels des pensionnaires des établissements pénitentiaires. Ce genre d'activités est un catalyseur tout aussi puissant pour une meilleure insertion sociale des ex-détenus dans la vie active. Le Maroc affiche le taux de récidive le plus faible en Afrique et dans le monde arabe Selon la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, le taux de récidive est constamment en baisse grâce au programme de réinsertion socioprofessionnelle des détenus, initié par le Souverain. D'après les résultats des études annuelles effectuées sur les centres d'accompagnement post-carcéral, ce taux est en nette régression. En effet, dans le cadre du programme de réinsertion socioprofessionnelle des détenus assuré par la Fondation Mohammed VI et après des études annuelles effectuées sur les centres d'accompagnement post-carcéral, il s'est avéré que sur un échantillon de plus de 6.000, le taux de récidive a nettement baissé, ne dépassant pas les 2,3%. La Fondation tient à relever que ce taux est en régression par rapport à l'année dernière, qui a enregistré un niveau de 3%. En tout cas, ce taux obtenu est largement en dessous du taux de récidive normal, qui se situe entre 30 et 40%. Ce résultat n'a pu être obtenu que grâce à l'action soutenue de la Fondation Mohammed VI, dont les efforts en faveur de la réinsertion socioprofessionnelle des citoyens incarcérés, après leur libération ont commencé à donner des résultats exemplaires en Afrique et dans le monde Arabe. n