En bouclant sa première année d'activité, Ecoval Maroc est certes loin d'avoir atteint les 10.000 tonnes de déchets traités par an. Toutefois, ses perspectives de développement demeurent réelles. Les déchets industriels, il y en aura toujours plus. A elle seule, l'industrie nationale génère près de 2M de tonnes de déchets. Et la moitié du volume se concentre dans la région de Casablanca. C'est essentiellement un marché de petits flux qui nécessitent un regroupement. Face à ce besoin, la fililale d'Holcim Maroc, Ecoval tente de pallier à la situation. « C'est la première plate-forme opérationnelle qui traite tant les déchets dangereux que moins dangereux », explique Hind Bajjad, directrice générale d'Ecoval Maroc. Les activités du site étant lancées depuis le mois de juin dernier, un bilan annuel s'impose. « Nos aspirations sont beaucoup plus grandes par rapport aux résultats du moment », précise-t-elle. Il faut dire que le chantier reste ouvert. En une année d'activité, la plateforme tourne à 50% de sa capacité (hors l'import de pneumatiques destinés à la cimenterie), annoncée initialement à 10.000 tonnes par an. Le signal n'est pas rouge. Loin de là. Car les besoins en traitement de déchets industriels ne font que s'accroître. En effet, l'entreprise traite les déchets de presque la totalité des secteurs d'activités. « Actuellement, nous ne traitons pas uniquement les déchets d'Holcim Maroc, mais également ceux de l'industrie chimique et para-chimique, des équipementiers automobiles, de la distribution pétrolière et métallurgique », ajoute-t-elle. Le champ d'intervention d'Ecoval est des plus larges. Reste à savoir si les opérateurs se prêtent au jeu et recourent à de tels procédés. Le témoignage de Hind Baddaj est intéressant à plus d'un titre. D'une part, elle compte à son actif une expérience de près de huit ans dans le secteur et de l'autre, elle gère la plateforme d'Ecoval, qui représente une superficie de 30 hectares, dont la surface couverte abrite notamment des ateliers, un laboratoire et un bassin de 600 mètres cubes. Des solutions groupées L'originalité d'Ecoval, ce sont les solutions « groupées » qu'elle propose à ses clients. D'abord en finalité, les déchets traités deviennent des combustibles alternatifs pour une valorisation énergétique au sein des fours d'Holcim Maroc. Les prix sont étudiés en fonction de la hiérarchisation des déchets. A ce propos, Hind Baddaj souligne que « pour chaque typologie de déchets, nous avons des tarifs. Selon notre cahier de charges, nous établissons des prix indexés sur les résultats des analyses ». La prestation commence en amont avec la gestion du parc des déchets, puis leur transport jusqu'au site de traitement. La caractérisation de la typologie des déchets se fait gratuitement auprès du laboratoire d'Ecoval. Et des certificats de garantie sont fournis jusqu'à l'élimination définitive des déchets. Les industries génératrices de déchets adhèrent-elles facilement au concept ? « Je peux vous dire, d'après mon expérience, que je ressens une forte amélioration dans la perception qu'ont les opérateurs de la question environnementale. D'ailleurs, la réglementation aide beaucoup dans ce sens », indique à ce propos Hind Baddaj. En effet, depuis la promulgation de la loi cadre n°28/00 portant sur la gestion des déchets et leur élimination, et le décret instituant le catalogue marocain des déchets (CMD) et fixant la liste des produits dangereux, le marché est en passe de s'organiser. Sauf que pour les professionnels du secteur, le temps presse. « Les décrets d'application visant à accompagner cette loi doivent devenir effectifs pour que les choses évoluent plus rapidement », déclare Mme Baddaj. C'est-à-dire mettre en vigueur le principe du « pollueur payeur ». L'autre chantier à mettre en branle est celui reposant sur le régime des éco-taxes. « Il s'agit d'instaurer une structure de collecte des déchets qui serait alimentée par le petit plus que paiera le consommateur ». D'ici là, le business des déchets industriels a encore de beaux jours devant lui.