Les progrès technologiques sont ultra-rapides dans ce domaine. Quid du Maroc ? Ce haut dirigeant de Tele Atlas explique ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Challenge Hebdo : Tele Atlas, à l'instar des géants de la cartographie GPS dans le monde, n'a pas investi directement sur le marché marocain. Vous avez choisi un partenaire local (Cadtech). Pourquoi? Filip Neirynck : pour établir une cartographie, il faut des investissements énormes. Cela prend beaucoup de temps pour devenir rentable. C'est ce qui explique qu'il y ait aujourd'hui très peu de concurrents dans le monde. Tele Atlas a investi pendant plus de 15 ans sans faire de profit. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'une carte basée sur la géométrie, c'est simple. Ce qui est compliqué par contre, et plus coûteux par ricochet, c'est la collection des données complémentaires. Il faut faire une classification des rues. Ces attributs, c'est ce qui coûte cher. Mais il faut aussi les maintenir et les mettre à jour, car les données changent tout le temps. Chaque année, 15 à 20% de notre base de données changent comme la réalité change. Il n'y a pas que l'investissement initial. On a commencé il y a 15 ans en Europe (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, France...) avec le développement de la navigation GPS sur le marché automobile. Après la croissance, on a pensé à relier d'autres pays. Si en Europe, nous travaillons avec différentes sources (agences nationales de cartographie), notre stratégie en Afrique comme en Amérique Latine consiste à travailler avec des partenaires. C'est pour cela que nous avons choisi la société marocaine Cadtech, parmi d'autres, pour la simple raison que cette société dispose d'une base de données cartographie fiable et de qualité. Nous disposons de tous les moyens pour savoir si cette cartographie est conforme aux niveaux et standards internationaux. Cadtech a deux avantages inestimables: la couverture en termes de nombre de kilomètres et de villes et la qualité des attributs (sens unique, classification...), en ce sens où ils approchent les 20 m de précision. C. H. : on parle aujourd'hui d'une nouvelle génération de système de navigation GPS. Quelle est la différence avec les anciens modèles? F. N. : le marché marocain du GPS a démarré durant la deuxième moitié de l'année 2008. En juin prochain, nous allons lancer un GPS qui couvre 16 villes et 13000 points d'intérêt (restaurants, hôtels, pharmacies...). Tele Atlas ne s'occupe que de la cartographie et des points d'intérêt. Nos partenaires, à l'exemple de NDrive, se chargent du terminal et du logiciel. C'est la raison pour laquelle nous travaillons avec Nokia, sachant que l'opérateur mondial a racheté Navteq, notre concurrent. La nouveauté, c'est le modèle 3D qui sera prochainement commercialisé au Maroc. Ce modèle montre les bâtiments et les monuments. Aujourd'hui, notre but est de couvrir la totalité du territoire marocain de Tanger à Lagouira d'ici 2011. Et on très content de ce qui a été réalisé par notre partenaire Cadtech, qui a réussi à faire une cartographie multinet de 16 villes. Ce qui se fait aujourd'hui, c'est une plateforme, une matière première qui va développer beaucoup de services. La vision de Tele Atlas a toujours été d'avoir une cartographie à multi usages : PC, GSM, système de navigation, Internet... C. H. : après le GPS intégré sur GSM, quand le système de navigation embarqué verra-t-il le jour? F. N. : d'abord, c'est Nokia qui a eu la vision d'une navigation sur GSM. Si cela n'était pas possible en 2000, ce qui a changé, c'est que les opérateurs ont des réseaux larges GPRS ou UMTS et ont des terminaux avec grand écran en couleurs, une grande mémoire. Aujourd'hui, ce qui se développe à grande vitesse, c'est le système PND (Personnel Navigation Device). Concernant le système de navigation embarquée, je pense qu'il fera son apparition sur le marché marocain fin 2009. Le problème, c'est qu'avec la crise, certains clients de Tele Atlas, des constructeurs automobiles, ont fait faillite. L'année 2009 va être une année économique difficile mais je pense que la situation s'améliorera durant le deuxième semestre. En plus, les cycles dans le domaine automobile sont très lents. C. H. : à quand le vrai décollage du GPS au Maroc? F. N. : l'année 2009 sera une année d'adaptation. Notre partenaire pour la distribution, Matel PC Market, a étendu son réseau de distribution et a déjà des contrats avec des enseignes de la grande distribution. Plus le volume des ventes augmente, plus les prix baissent. En 2010, ce sera le décollage du GPS au Maroc avec les opérateurs télécoms, de services, automobiles... Nous créons un écosystème entre Tele Atlas et ses partenaires et tous les opérateurs qui participent. Aujourd'hui, de jeunes entrepreneurs peuvent créer des sociétés de services en tourisme, géomarketing. Une chose très importante à savoir, c'est qu'au Maroc, on a rattrapé un retard de 10 ans par rapport au rythme de couverture d'autres pays comme la France il y a 10 ou 15 ans de cela. Mieux, nous allons, en partenariat avec Cadtech, couvrir tout le Maroc en 2011.