Principale banque de financement du secteur agricole, Crédit Agricole du Maroc a pris les devants pour confectionner des produits sur mesure pour accompagner la révolution agricole du Royaume. Son président du directoire, Tarik Sijilmassi, revient sur l'engagement du CAM pour la réussite du Plan Vert. Challenge Hebdo : le Crédit Agricole a été la première banque à finaliser des packages pour le financement du projet prévu dans le cadre du Plan Maroc Vert. Pourquoi une telle anticipation de la part de votre banque ? Tarik Sijilmassi : nous finançons l'agriculture depuis 1961. Doit-on et peut-on encore parler d'anticipation ? Ceci étant, il est vrai que nous avons été les premiers à réagir en signant une convention dès le mois d'octobre 2008 en présence de Sa Majesté à Sidi Bennour. C. H. : le Plan Maroc Vert nécessite un financement de 150 milliards de DH. Crédit Agricole du Maroc a décidé d'injecter 18 milliards de DH sur une dizaine d'années. Peut-on s'attendre à une rallonge de la part de votre banque ? T. S. : il s'agit de 20 milliards de DH sur 5 ans, mais je tiens à préciser que ce chiffre n'est qu'indicatif. Il peut augmenter car le financement de ce secteur, dans toutes ses composantes, est notre raison d'être, bien loin de toutes les considérations strictement commerciales. N'oublions pas que le financement et l'accompagnement du secteur agricole figure dans l'objet social de la banque et relève d'une mission de service public. De plus, je tiens à préciser que ces 20 milliards de DH viendront se rajouter aux encours actuels de la filière, qui sont déjà de l'ordre de 25 milliards de DH, ce qui portera le montant total dédié à l'agriculture marocaine à 45 milliards de DH. C. H. : quelle est votre approche pour financer le Plan Maroc Vert ? Avez-vous prévu une offre de financement pour les opérateurs étrangers qui souhaiteraient y investir? T. S. : jamais de la vie ! Le Crédit Agricole est un groupe qui a adapté son offre à tous les segments et surtout à toutes les tailles de projets. Le financement de l'agriculture est notre métier de base et surtout notre vocation historique. Le rôle de la banque et sa solidarité sont essentiels à ce titre, et c'est pour couvrir l'ensemble du secteur que la Fondation Ardi et la SFDA ont été mises en place en plus de la banque classique. C. H. : vous avez signé un contrat-programme portant sur la mobilisation du Crédit Agricole à partir de l'année prochaine, pour un montant de 20 milliards de DH au profit du secteur agricole et agroalimentaire. Cette convention entre-t-elle dans le cadre du Plan Maroc Vert ? Comment se fera la répartition ? T. S. : 14 milliards de DH par la banque classique, 5 milliards par la SFDA. Le montant est significatif quand on regarde la taille des projets qui ont vocation à être financés par la Société de Financement du Développement Agricole. Car je rappelle que la SFDA intervient pour l'accompagnement des agriculteurs non éligibles au financement de la banque classique, tout en étant au-delà du champ du micro-crédit, auquel une enveloppe d'1 milliard de DH sera allouée. C. H. : pensez-vous que le secteur bancaire marocain est en mesure de mobiliser les 150 milliards de DH nécessaires au financement du Plan Maroc Vert ? Où pourraient résider les éventuelles difficultés ? T. S. : certainement, et cela d'autant plus que l'agriculture et l'agro-industrie ont été identifiées comme leviers de croissance économique. Néanmoins, bien au-delà de l'aspect économique, il y a un enjeu social et sociétal : toutes les bonnes volontés sont les bienvenues et il y a de la place pour tout le monde.