Lesieur Cristal opère un désengagement des activités non stratégiques au profit d'un investissement dans la culture oléicole pour mieux se positionner sur le marché de l'huile d'olive. Les détails avec Ahmed Rahhou. Challenge Hebdo : le groupe Lesieur Cristal a mis en veilleuse sa volonté de se diversifier en dehors du secteur des huiles. Est-ce vraiment le cas et pourquoi ? Ahmed Rahhou : nous avons opté pour une orientation stratégique qui est aujourd'hui quantifiable clairement à travers notre participation au plan Vert. C'est notre ligne principale d'investissement avec la plantation d'oliviers sur un millier d'hectares d'ici l'année prochaine. Notre objectif est de consolider notre filière et de devenir ainsi un acteur majeur et important, mais aussi de participer au plan national en la matière pour développer la culture oléicole, qui n'a pas encore atteint sa maturité. Nous comptons y mettre une bonne partie de nos moyens. Il y a beaucoup à faire car, pour ne citer que cet exemple, la Tunisie produit 4 ou 5 fois plus que le Maroc en matière d'huile d'olive. Quant à la question de la diversification de notre activité, nous avons les huiles, le savon, l'huile d'olive… Nous sommes donc très diversifiés dans ce secteur où nous comptons développer et concentrer nos investissements sur l'huile d'olive et sur notre gamme de produits en général, notamment à l'international, en saisissant les opportunités d'export qui s'offrent. C.H : Lesieur est leader sur son marché naturel. A l'export, vous avez des projets d'implantation en Tunisie et au Sénégal. Qu'en est-il aujourd'hui ? A. R. : nous avons concrétisé notre expansion en Tunisie à travers deux unités. Aujourd'hui, nous sommes en train de travailler à partir de la Tunisie et du Maroc pour développer notre présence sur le marché libyen qui se libéralise et qui devient compétitif et surtout ouvert. Notre volonté est d'investir en dehors du Maghreb, en développant des projets au Moyen-Orient et dans les pays subsahariens qui se trouvent actuellement en voie de concrétisation. Nous sommes quand même présents à travers l'export de nos produits sur 20 pays et nous réalisons un chiffre d'affaires à l'export de l'ordre de 300 millions de DH. C.H : vous investissez sur le marché de l'huile d'olive où des acteurs sont déjà bien positionnés. Quelles sont donc vos ambitions ? A. R. : en fait, le marché de l'huile d'olive mondial est de 2 millions de tonnes annuels et le Maroc n'en produit que 40.000, soit 2% de cette production mondiale. Nous ne sommes donc pas un acteur majeur. Il y a des pays qui sont de grands consommateurs, comme les Etats-Unis et certains pays d'Asie. En matière de production, il y a l'Espagne suivie de l'Italie, de la Tunisie, de la Grèce… Je pense que le Maroc doit nourrir de grandes ambitions en se positionnant avec des productions entre 150.000 et 200.000 tonnes. Ce qui laisse entendre qu'un seul acteur ne peut réaliser cet objectif. Il y a de la place pour beaucoup d'investisseurs au Maroc. Nous ne sommes pas en compétition avec les investisseurs dans cette niche, car je pense que le marché de l'huile d'olive est un marché qui se développe, même s'il ne représente qu'un petit pourcentage dans le total des huiles consommées dans le monde. C.H : vous avez récemment baissé les prix de l'huile de table, mais ils restent loin des prix qui ont précédé la libéralisation du secteur. Le consommateur peut-il rêver aujourd'hui des prix atteints en 2004 ? A. R. : nous avons baissé les prix de 2,5 DH à travers deux annonces en décembre 2008 (1 DH) et à la fin de janvier 2009 (1,5 DH). Cela a eu un impact important et nous pensons que parmi les produits de première nécessité, seule l'huile a connu une baisse significative. Si nos prix ne sont pas revenus aux niveaux de 2003 et 2004, c'est parce que le marché international est resté plus élevé en 2009. Nous avons aujourd'hui un prix significatif et représentatif des niveaux de prix internationaux. En tout cas, nous restons attentifs à ce qui se passe sur le marché international. Nous sommes sur un marché volatil et imprévisible, et il y a des fluctuations importantes d'un jour à l'autre. Il est difficile de savoir si la tendance des prochains mois va être à la hausse ou à la baisse. C.H : retour à l'opération de cession de la division Produits de Nettoyage à Mutandis. Quel a été votre stratégie sachant que vous avez pris une participation à hauteur de 30% dans Distra ? A. R. : il y a un élément important. La division Produits de Nettoyage représente moins de 2% du chiffre d'affaires de Lesieur Cristal. Son impact n'est pas très significatif sur le comportement des indicateurs financiers de la société. C'est pour cela que nous avons annoncé qu'il ne s'agit pas d'une activité stratégique pour nous. Elle l'est beaucoup plus pour Distra, dans laquelle nous avons pris pied à travers une participation minoritaire sans participation à la gestion.