Des formules de garantie lancées sous l'égide de la CCG ne provoquent pas la liesse des opérateurs du cuir. Les relations avec les banques sont particulièrement soulignées. La mise en place des deux mécanismes de garantie, destinés à soutenir les activités des entreprises exportatrices, notamment celles opérant dans l'industrie du cuir, ne fait pas l'unanimité... Il s'agit en substance des mesures prises dans le cadre de la convention cadre signée le 24 février dernier entre le gouvernement, la Caisse Centrale de Garantie (CCG) et le GPBM (Groupement Professionnel des Banques du Maroc). Ces formules ciblent tout particulièrement les entreprises «ayant réalisé au moins 20% de leur chiffre d'affaires à l'exportation au cours de l'année 2008 ». Et bien évidemment, celles qui ne font l'objet d'aucune procédure de redressement ou de liquidation judiciaire. Alors, concrètement, deux principaux mécanismes s'offrent aux opérateurs. D'une part, le produit Damane Exploitation est exclusivement dédié « à garantir les crédits de fonctionnement par décaissement pour le financement des besoins en fonds de roulement ». En chiffres, cela se traduit par 65% du crédit en principal avec un plafond de garantie de 9.000.000 DH. Par ailleurs, le deuxième produit dénommé « Moratoire 2009» se présente comme une garantie pour « les échéances en principal exigibles en 2009 » et ce, « au titre des crédits à long et moyen terme ». Ces derniers doivent avoir déjà été contractés par les entreprises éligibles mais devant faire un report de remboursement. Évalué à 65% du montant en principal, le plafond de garantie est de l'ordre de 2.000.000 DH. Les opérateurs ont opté pour afficher une humeur des plus optimistes. «À vrai dire, c'est déjà un début. Les mécanismes ne sont pas figés et il est clair que le gouvernement est ouvert à toute autre proposition», précise à ce sujet Mahboub Rabii, directeur de la Fédération Marocaine des Industries du Cuir. Le secteur est particulièrement touché par les effets de la baisse de consommation en Europe mais également aux Etats-Unis. «Le taux de baisse des commandes a dépassé les 30%. Ce sont le plus souvent des annulations venant des donneurs d'ordres», poursuit-il. En outre, les derniers chiffres du secteur avaient toujours témoigné d'une santé plutôt satisfaisante. Les activités comme la tannerie, la fabrication de chaussures, d'habillement ou encore la maroquinerie enregistraient un chiffre d'affaires à l'exportation de près de 4 milliards de DH. Et c'est un effectif de 35.000 employés qui était enregistré. Pas de solutions miraculeuses Les choses se corsent actuellement. « S'il ne peut encore enregistrer de cas de cessations de paiement, en revanche, en termes de licenciement, ce sont près de 20% de masse salariale globale qui ont été relevés », ne manque pas de souligner Mahboub Rabii. Alors, les mécanismes de garantie initiés par les pouvoirs publics sont loin d'êtres perçus comme des solutions miracles. «C'est seulement un système de garantie. Les entreprises sont toujours confrontées à leurs établissements bancaires. Et ces dernières profitent généralement de telles circonstances pour demander d'autres garanties supplémentaires», indique-t-il. Quelles solutions sont-elles dès lors à envisager ? Pour le représentant du secteur de l'industrie du cuir, des pistes existent et le gouvernement ne semble pas réticent à les entendre. « Tout d'abord, il conviendrait d'alléger les conditions, car le plus contraignant demeure dans la donne actuelle, le maintien de l'emploi, vu la baisse du chiffre d'affaires à l'exportation », lance M. Rabii. Autre point sur lequel convergent également les opérateurs du textile et de l'habillement : celui du paiement des cotisations à la CNSS. « Même si la Caisse a donné des promesses de remboursement sur un mois au minimum, les procédures restent lentes et il faudra tout de même débourser les sommes dues», conclut-il. Pour sa part, la CCG, concernant le déclenchement des mécanismes de garantie, se fixe un délai de 48 heures pour le traitement des demandes. Il reste qu'il revient aux établissements bancaires, en amont, de préparer les dossiers et de les soumettre à la CCG. Les échéances se rapprochent et l'étude lancée par la Fédération pour restructurer et relancer le secteur, dite Vision 2009-2015, prend finalement comme date butoir l'année 2013.