Les producteurs nationaux ne sont pas satisfaits. Une nouvelle grille tarifaire est mise en place dans le cadre du démantèlement douanier, le coût de l'énergie est élevé, une concurrence se fait de façon déloyale… Entre contrat-programme, clause de sauvegarde et fusions… les papetiers cherchent des alternatives. Les importateurs et les industriels du secteur du papier et carton n'ont pas forcément les mêmes intérêts. Pourtant, ils sont regroupés dans une même Fédération, la Fédération des Industries Forestières Arts Graphiques et Emballages (Fifage). Résultats: lorsqu'il s'agit de négocier, il est difficile de créer un consensus sur des décisions à mettre en place, surtout lorsqu'il s'agit de démantèlement douanier. L'application de la nouvelle grille tarifaire (cf encadré) divise. Les importateurs, eux, ne peuvent que se réjouir des baisses des droits de douane consentis. Les industriels, eux, par contre, souffriraient de cette ouverture plus tôt que prévu. «Le problème du démantèlement douanier sur notre secteur était lié au fait qu'il n'avait pas été entamé il y a 10 ans comme la plupart des autres secteurs. Vouloir rattraper le temps perdu en une seule fois était une erreur car cela perturbait, au-delà du raisonnable, les industriels marocains à qui on voulait appliquer des baisses de prix à deux chiffres pour faire face aux produits venant de l'Union Européenne», explique Aziz Qadiri, le président de la Fifage. La seule solution consistait alors à procéder par étapes, de façon à lisser les impacts dans le temps. Mais quoi qu'il en soit, cette nouvelle grille tarifaire, combinée à la crise mondiale actuelle, devrait quand même avoir un impact sur le secteur. Les professionnels préfèrent temporiser. «En ces temps de crise, les prix, surtout dans le secteur du papier, ont tendance à baisser. Sachant que la production nationale ne couvre qu'environ la moitié des besoins, si la consommation et les exportations qui utilisent nos papiers baissent, la crise impactera et importateurs et producteurs de la même manière. Mais malgré tout, il n'y a pas péril en la demeure», reconnaît Qadiri. Il est vrai qu'on n'est pas arrivé à ce stade, mais certains opérateurs sont déjà souffrants. C'est le cas de Cellulose du Maroc, qui exporte 90% de sa production et dont l'activité est en arrêt depuis plusieurs mois. A tout cela, il faudrait aussi ajouter le vol et de la concurrence déloyale provenant de pays comme la Tunisie qui exporte vers le Maroc des produits non fabriqués chez elle. Leur valeur ajoutée est largement inférieure au niveau minimum des 40% requis de la valeur ajoutée réalisée au sein de ce pays. Les produits (cahiers scolaires notamment) sont en plus subventionnés. «Nous avons interpellé le ministère du Commerce Extérieur et demandé la mise en place d'une clause de sauvegarde. En dehors d'une réunion avec le chef de cabinet du ministre, nous n'avons pas eu d'autres réactions», déclare le président de la Fifage. Les professionnels veulent donc se mobiliser pour faire avancer les choses. Des débats ont été menés en interne (de la Fédération) pour lancer un contrat-programme, mais il n'y a pas encore de suite. «Nous allons essayer de relancer cette idée, qui aboutira certainement lors du salon des arts graphiques et emballage organisé au mois de juin prochain», espère Aziz Qadiri. Pour sa part, Mounir El Bari, le vice-président de la Fifage, estime que pour mieux s'en sortir, les opérations de fusion-absorption sont les seuls remèdes pour faire face aux géants mondiaux. Depuis quelque temps, des opérations de ce genre ont été lancées, comme la fusion de Papelera de Tétouan avec Safripac, l'intégration verticale de Gharb Papier Carton (GPC) par une fusion absorption avec Sifap Meknès, son fournisseur de papier à Meknès… La course à la taille est lancée.