On a tous pensé qu'avec l'adoption de la nouvelle constitution, après le passage risqué de ce que l'on a appelé le printemps arabe, nous allions entrer dans une nouvelle phase de la construction démocratique, que cela allait être disputé, ce qui pour un journaliste est excitant. La victoire, relative, très relative du PJD, ajoutait du piment. Désolé, on s'est tous trompés. C'est vrai que le Maroc est resté stable, que les capitales occidentales saluent les réformes, mais on a réellement perdu du change. Notre Chef du gouvernement, avec toutes les prérogatives est un clown, Islamiste, mais clown quand même. Dans quel pays un Chef de gouvernement se permet face au Parlement de dire « j'aime toujours ma femme, après des décennies de mariage, parce qu'elle ne met pas de maquillage » ? Chez nous bien sûr, et dans la suite, Aziz Rabbah nous informe qu'il est toujours très amoureux de sa femme, alors que le port de Casablanca est à l'arrêt. Plus rigolo, le Chef du gouvernement s'est fait photographier assis à même le sol avec ses adorateurs lors d'un meeting partisan oubliant son rang. Le même Benkirane a fait plus fort. Son candidat à une élection partielle, défait, conteste l'élection. Pourquoi ? Parce que Chabat a posté une vidéo sur youtube et que selon lui, « seul le Roi a le droit d'adresser des messages aux Marocains ». C'est toujours le Chef du gouvernement qui défile avec le syndicat de son parti le 1er mai, syndicat dont la fédération des fonctionnaires de la Justice appelle à une grève nationale contre Ramid le Ministre PJD. Je peux vous citer un nombre incalculable d'anecdotes. Mais vous êtes aussi bien informés que moi puisque tout cela est sur la place publique. Ce sont des rigolos et on va bien s'amuser. Tous les pronostiqueurs se sont trompés. Non seulement les islamistes au gouvernement ne constituent aucun danger pour nos libertés mais ils sont amusants en plus. Si j'avais su j'aurais peut être voté PJD, pour avoir cinq ans de franche rigolade. Sauf que le pays a besoin de réformes d'une bonne gouvernance. D'autres s'en occupent, ce n'était pas le but du jeu, nous voulions la consécration de la souveraineté populaire par le renforcement des pouvoirs d'un exécutif élu. Les Marocains ont choisi les pieds nickelés. Il vaut mieux en rire en attendant une autre étape historique.