L'accord aux allures conservatrices, conclu à la veille de la désignation de Driss Jettou, entre le parti de l'Istiqlal, le PJD et la mouvance populaire, aura-t-il une deuxième vie ? Composé essentiellement de formations, souvent taxées de conservatisme, ce trio sauvera-t-il les alliances à la veille des élections 2007 ? Son histoire reste-t-elle encore à faire? Autant de questions qui, contre toute attente, ont refait surface ces derniers temps. Les motifs ne manquent pas d'ailleurs : qui, d'ordre général, font appel à l'époque qui a précédé les dernières élections et qui, d'ordre factuel, rassemble des éléments de l'actualité. En clair: l'état " stationnaire " de la politique nationale, d'une part, et le besoin de secouer cette inertie apparente d'autre part, le tout doublé de positions (ou non-position) de certains acteurs politiques, n'écarte pas l'éventualité d'une " résurrection ", d'autant plus pratique qu'elle a déjà " servi ". Aucun des observateurs ne manquera sans doute de relever un des facteurs nouveaux de l'actualité. Et il est de taille. PJD : le joker solitaire ? Le PJD qui a été, et à bien des égards, l'un des grands bénéficiaires, sinon le seul, de la mise en œuvre de cet accord, souhaite bien lui insuffler une nouvelle vie. Signe qui ne trompe pas : membre du secrétariat national du PJD, Abdelaziz Rabah a fait récemment une sortie dans ce sens. "Notre pays a-t-il déclaré à Assabah du 5 juill et a besoin d'une polarité politique composée de trois grands courants. D'abord un parti " néo-conservateur " sous la houlette du PI, et comptant le PJD et la mouvance populaire. Tient ensuite, le pôle de gauche, présidé par l'USFP. Et enfin, un courant socio-libéral mené par le RNI et dont la vocation essentielle serait d'assurer l'équilibre dans la vie politique nationale". Certes, Rabah par ailleurs secrétaire général de la Jeunesse islamiste du PJD, n'est pas le seul à concevoir ainsi l'échiquier politique à l'aune des prochains enjeux. En plus, il est le premier, sinon l'un des rares responsables islamistes, à défendre, politiquement et publiquement, une telle perspective. Il ne fait aucun doute que le PJD a "régulé" sa politique, au niveau local et national à la fois, en fonction de ce "pacte" mi-tacite, mi-clair. Fait saillant de ce jeu subtil : la constitution des bureaux communaux et des conseils des villes dont il a su tirer le maximum de profits. Il n'en demeure pas moins que le PJD évite, soigneusement, parfois d'y recourir incessamment. Pour deux raisons, au moins : D'une part, éviter de jeter plus d'embrouilles sur une majorité qui en avait assez et dont le chef, Driss Jettou, reste un interlocuteur apprécié par les PJDistes. Et d'autre part, garder ses distances, vis-à-vis des partis de la majorité, et donc investir davantage son "aura et sa virginité" de parti d'opposition. C'est donc la première fois qu'un de ses responsables "les plus autorisés" s'en revendique publiquement. Une question s'impose, immanquablement : est-ce là une invitation ou un appel ? Quoi qu'il en soit, la déclaration sonne comme une "alternative". D'autant plus que les "deux autres alliés" sont tiraillés, entre des "entités" politiques sinon en stand by. La Koutla pour le PI, du moins sans consistance, la droite pour les MP. Dans un cas comme dans l'autre, l'attractivité, par les temps qui courent, est du côté du PJD.