Depuis sa création en 2005, l'Observatoire du Tourisme n'a jamais vraiment convaincu par son activité. Aujourd'hui, son nouveau président œuvre pour une stratégie de rupture afin de le sortir de sa léthargie. Challenge Hebdo : l'assemblée générale ordinaire de l'Observatoire du Tourisme vient d'avoir lieu. Quelles sont les nouvelles orientations prises par l'Observatoire ? Kamal Bensouda : l'Observatoire du Tourisme va prendre une nouvelle route pour devenir vraiment un organe d'aide à la décision pour les professionnels du tourisme. Organisme de veille concurrentielle, il doit être capable d'alimenter le secteur de données sur les marchés émetteurs, sur la position de la destination et produire des chiffres statistiques rapides à même de permettre aux opérateurs d'intégrer ces derniers dans leur tableau de bord. De nouveaux systèmes d'information seront mis en œuvre, en l'occurrence la télédéclaration de la TPT (taxe de promotion touristique) et de la TS (taxe de séjour) qui permettra d'obtenir des chiffres fiables à J+3 jours au lieu de J+0 jour, un outil de veille stratégique ouvert sur les différents enquêteurs européens et alimenté par les données des Observatoires des principaux pays clients du Maroc, et enfin une centrale des bilans pour recenser le poids macro économique du tourisme, aussi bien au niveau de l'emploi et des masses salariales que des achats ou du poids fiscal du secteur. Nous allons aussi rapidement lancer une étude spécifique sur Marrakech, où les arrivées ne suivent pas la même tendance que les nuitées, pour saisir les modes de consommation des visiteurs car l'Internet, le low cost et le logement informel brouillent les statistiques que nous devons maîtriser afin de permettre aux professionnels organisés de cerner ces tendances et de profiter de ces niches de croissance. C. H. : quel va être le budget annuel de l'Observatoire ? K. B. : pour la période 2009-2011, nous allons tabler sur un apport de ressources du ministère du Tourisme de l'ordre de 6 millions DH, destiné exclusivement aux systèmes d'information et aux études, sachant que le budget de fonctionnement, modique par ailleurs, sera assuré par les professionnels et leurs différentes organisations ainsi que par la publicité sur les publications de l'Observatoire. C. H. : comment comptez-vous remporter l'adhésion des professionnels, sachant que le nombre d'adhérents sous la direction de l'ancienne équipe ne dépassera pas une dizaine de personnes et que leur principale critique visait, justement, le manque d'indépendance de l'Observatoire vis-à-vis du ministère ? K. B. : le sujet est moins caricatural. Nous ne sommes pas dans une logique d'indépendance, mais dans le cadre d'un partenariat. Nous sommes en phase de construire un modèle d'information efficace, et le soutien du ministère durant cette période reste stratégique, il est le seul à avoir les moyens de mettre en place ces outils. Dès que l'Observatoire sera producteur de chiffres et pourra en garantir la régularité, il mettra alors en place des formules d'abonnement à même de subvenir à son budget annuel et de lui permettre une autonomie totale. Aujourd'hui, les chiffres qui sortent sont significatifs; ils devront être affinés pour plus de cohérence dans leur analyse. D'ailleurs, afin de mieux consolider les professionnels autour de l'Observatoire, la dernière assemblée a décidé de donner la gratuité du service à toutes les PME du tourisme durant 2009 pour mieux apprécier les apports de l'Observatoire. Ce dernier va initier rapidement une grande tournée vers les régions pour connaître leurs attentes en matière d'études de marché et sortir de l'axe Rabat-Casablanca. Il s'agit d'aller vers les destinations importantes et celles qui sont en devenir pour mieux installer la relation avec l'Observatoire. C. H. : à ce propos, à quoi imputez-vous l'échec de l'Observatoire, jusqu'à présent ? K. B. : je ne crois pas qu'il y ait un échec. L'Observatoire s'est naturellement consacré à des thèmes «moyen et long termes», au moment où la profession restait avide d'informations de conjoncture pour piloter ses entreprises. La rupture qui est apportée vise cet objectif, au moment où les marchés émetteurs sont frappés par un début de récession et par une crise financière lourde. C. H. : une des principales requêtes des professionnels était la publication de comptes satellites. Quand comptez-vous démarrer ce travail ? K. B. : ce sujet a démarré. Il s'agit d'un dossier comptable macro-économique de taille. 2006 et 2007 sont en cours. Je pense que nous avons besoin encore de 14 mois pour boucler 2008 et être à même de présenter des données conformes aux standards internationaux. Le Maroc aura fait plus court et plus rapide que les pays qui ont mis en place ce type de comptabilité. ◆