LE SECTEUR FINANCIER SERAIT ÉPARGNÉ ET POUR DES RAISONS INTRINSÈQUES AU SYSTÈ- ME MAROCAIN. L'ÉCONOMIQUE SUBIRA, QUANT À LUI, L'EFFET DE LA RÉCESSION EN EUROPE. C'EST CE QUE CONFIRME L'ANCIEN ARGENTIER DU ROYAUME TOUT EN PROPOSANT DES PISTES DE RÉFLEXION POUR SE PRÉPARER AU PIRE. 20 CHALLENGE HEBDO Du samedi 11 au vendredi 17 octobre 2008 Challenge Hebdo : à votre avis, le Maroc Fathallah Oualalou : nous ne devons pas analyser la situation de manière statique. Dans le contexte actuel, en parlant de crise, il faut faire la différence entre le secteur financier et l'économie réelle mais aussi distinguer le court du long terme. Au niveau du secteur financier, je ne crois pas qu'il y aura un impact direct sur le Maroc et ce pour plusieurs raisons. D'abord, il ne faut pas perdre de vue le fait que les banques européennes qui ont été affectées sont celles qui détenaient des titres américains. Elles ont donc subi de plein fouet l'impact de la crise qu'a connu le pays de l'Oncle Sam. Quant à nous, nous avons un secteur financier et bancaire déconnecté de la sphère internationale. Et pour cause. D'un côté, même les banques qui ont une présence à l'étranger ne prennent pas de risque. En Europe, elles n'agissent qu'à travers des annexes servant à collecter l'épargne alors qu'en Afrique, elles opèrent seulement en tant que banques classiques de dépôt. D'un autre côté, le Maroc peut se targuer aujourd'hui d'avoir réussi l'assainissement de ses banques, notamment celles ayant un caractère public ou parapublic. Un pas qui a conduit à une baisse sensible des créances en souffrance et à une solidification de leur assise financière. Ceci en plus de la réforme dont a fait l'objet Bank Al Maghrib et qui a permis de renforcer ses missions de contrôle et de supervision, mettant par ricochet les banques marocaines à l'abri d'une quelconque fragilité. Quand on évoque les facteurs de prémunition, le système de contrôle de change n'est pas en reste. Malgré toutes les critiques qui étaient formulées à son encontre, il montre aujourd'hui qu'il est le mieux adapté à une économie émergente comme F.O . : à moyen terme, notre économie sera affectée par la crise. La raison est toute simple : la récession s'installera en Europe pour un an encore. Une telle situation ne manquera pas d'avoir des conséquences directes sur de nombreuses filières dont le tourisme, secteur-clé de l'économie nationale. C.H. : et les transferts des MRE ? F.O. : de par mon expérience en tant qu'exministre des Finances, en 10 ans, il n'y a jamais eu de baisse des transferts malgré les fluctuations de l'économie européenne. Il se peut par ailleurs que le rythme de l'augmentation de ces recettes rapatriées diminue, mais sans plus. C.H. : quelles sont alors les pistes à explorer pour se préparer à la crise ? F.O. : le Maroc devra jouer pleinement sa carte phosphatière. La stratégie de promotion devra passer par le développement de partenariats ciblés avec des économies émergentes comme l'Inde et le Brésil. D'un point de vue global, les partenariats économiques régionaux devront eux aussi être boostés. Dans le monde d'aujourd'hui, la recherche de solidarité régionale est nécessaire pour élargir le marché intérieur. Ce type de proximité est fondamental pendant les moments de crise. Il doit amener tout le monde à mettre de côté les susceptibilités et autres contraintes politiques et à privilégier les intérêts économiques, par ailleurs très convergents. En matière d'énergie, le point de salut se trouve au niveau du développement des énergies renouvelables. Des arbitrages devront se faire rapidement. Et c'est à nous de promouvoir avec doigté une politique énergétique cohérente.