La prolifération des entreprises opérant dans les nouvelles technologies a poussé à croire à l'émergence d'une Silicon Valley marocaine. Mais les conditions posées pour l'accès au fonds de soutien à l'innovation semblent ne pas correspondre aux profils des start-up. Lorsque l'annonce du lancement du fonds de financement de l'innovation des 100 millions de DH fut faite, c'est systématiquement vers les start-up que se sont dirigés les regards. Mais les choses ne semblent pas être aussi simples. Si le problème du financement trouve toute son importance notamment chez les start-up, alors comment se fait-il que ce fonds ne les concerne pas directement ? « Pour toutes les entreprises, les critères sur lesquels elles sont évaluées reposent sur des critères internationaux. D'ailleurs, nous n'allons pas réinventer la roue », souligne Jamal Benhamou, membre du conseil d'administration de l'APEBI (Association Professionnelle des Entreprises de Bureautique et Informatique) avec une pointe d'humour. En ce qui concerne les petites entreprises opérant dans le secteur, il faut souligner toutefois une certaine constance dans le domaine, reconnaît notre intervenant. «Il arrive qu'une start-up se déclare en faillite après seulement six mois d'activité. Lorsque l'entreprise vient à peine de démarrer, un tel appel au financement nécessite certains dispositifs. Il faut dégager du temps et faire preuve d'une certaine expertise ». Certes. Néanmoins, un appui financier ne contribuerait-il pas à la longévité de telles entreprises? A cela, M. Benhamou réplique que : « le chiffre d'affaires n'est pas à lui seul une condition déterminante. Il faut un retour sur expérience». Par ailleurs, il semble également que les start-up appelées à profiter d'un tel financement avouent buter sur des obstacles d'ordre organisationnel. Et ce, dans le sens qu'il est indispensable de créer non seulement des postes budgétaires mais de recruter des personnes qui auront pour fonction de gérer le fonds et d'effectuer le recouvrement. Installer une organisation administrative Bref, il est question de mettre en place une organisation administrative, ce qui ne fait pas partie des priorités de ces petites structures. Par ailleurs, des mesures sont mises en place pour intéresser d'autres bailleurs de fonds. Cette fois-ci, c'est aux capital-risqueurs d'intervenir. C'est ainsi que le fonds s'articule autour de deux éléments. D'une part, il est question de l'octroi de garanties aux organismes de capital risque destinées à garantir à hauteur de 50% du coût de leurs prises de participations dans les entreprises et ce, à un montant limité à 2 millions de DH. A ce sujet, un opérateur du secteur souligne que : « le peu d'intérêt manifesté jusqu'à présent par ces organismes se justifie par le fait que ces derniers ne désirent participer qu'à travers de petits montants en mettant en avant le défaut de couverture ». D'autre part, l'autre formule posée par le fonds réside dans le cofinancement sous forme d'un prêt subordonné, toujours limité à 50% du coût du projet et à 2 millions de DH. Précisons par ailleurs que les projets ne sont considérés comme innovants que s'ils ne sont pas déjà réalisés sur le marché national et international. Les membres de l'APEBI ont reçu un e-mail les appelant à soumissionner. L'approche se veut promotionnelle puisqu'il est annoncé que les cinq premières demandes acceptées bénéficieront de l'appui et des prestations d'un cabinet contractuel et ce gratuitement. Pour sa part, l'agence nationale de la promotion de la PME (ANPME) est de la partie, mais sur un registre bien déterminé. «Nous assistons les entreprises, au niveau de leur participation, sur la partie technique, en amont, pour qu'elles puissent présenter leurs dossiers de candidature», explique Latifa Echihabi, directrice de l'ANPME. Le cadre fixant les critères d'éligibilité des entreprises désirant bénéficier du fonds de soutien à l'innovation, a fait l'objet d'une convention ratifiée entre la CCG (Caisse Centrale de Garantie) et l'APEBI. «Ces critères et le formalisme qui les entourent ont été élaborés dans un souci d'allègement», souligne à cet effet Zineb Benkirane, chef de projet au sein de la Société Financière Internationale, affiliée à la Banque Mondiale. Et d'ajouter par ailleurs, «avec l'APEBI, nous opérons la rédaction des procédures. Le but est de promouvoir l'ensemble des entreprises marocaines. Nous partageons avec le gouvernement marocain l'idée que l'innovation est un élément incontournable pour le développement du secteur des nouvelles technologies ». Ce à quoi les entreprises sont tenues Tout d'abord, les entreprises candidates doivent être régies par le droit marocain de même qu'elles se doivent d'opérer dans le secteur des nouvelles technologies selon l'identification des activités élaborées par la nomenclature nationale. Par ailleurs, les entreprises sont obligées d'enregistrer à leur actif au moins trois années d'activité continue. En outre, l'entreprise soumissionnaire ne doit pas faire l'objet d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire. Elle est également tenue d'être en régularité avec l'administration fiscale et les organismes sociaux notamment la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale). Par la suite, il reviendra au comité d'évaluation de jauger les candidatures. «Chaque demande sera traitée sur 21 jours ouvrables pour instruction, à l'issue desquels les candidats recevront une décision motivée», confie à ce sujet Jamal Benhamou. L'évaluation sera réalisée sur la base d'une fiche d'évaluation qui comprendra des axes bien précis. Il s'agit d'évaluer la qualité de la demande et de l'innovation du projet. Son opportunité commerciale est également prise en compte, sans omettre, bien entendu, le traitement de l'étude financière et technique. L'organisation et les ressources humaines attribuées au projet sont aussi passées au crible. D'ailleurs, la contribution de la SFI (Société Financière Internationale) au secteur des NTIC ne se limite pas à des opérations ponctuelles, comme l'explique Mme Benkirane : « notre idée est de mettre en place des services qui répondent aux besoins des entreprises-membres de l'association. Ces attentes reviennent à quatre axes principaux qui se traduisent par le service d'accès au financement, l'aide à l'export, les prestations en communication et le système de développement ». ◆