Des secteurs industriels marocains sont moins ouverts au commerce international qu'en Egypte ou en Turquie. Voilà en substance un constat qui n'est pas nouveau. L'économie marocaine reste encore protégée. Malgré les accords d'association, de libre échange… le Maroc défend encore certains secteurs d'activité. La Banque Mondiale l'a mentionné à plusieurs reprises dans ses fameux rapports. Aujourd'hui, le constat est de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), qui vient de publier son analyse sur la politique commerciale extérieure. Selon les indicateurs, la position du Maroc diffère. En tenant compte des tarifs douaniers de la nation la plus favorisée (régime de droit commun) et de cette clause d'égalité de traitement, stipulant qu'un pays de l'OMC ne peut établir de discrimination entre ses partenaires commerciaux à quelques exceptions près, il s'avère que le Maroc est relativement protégé. La preuve : le niveau de protection atteint de 24,5%, un pourcentage qui avoisine le niveau tunisien, mais qui dépasse celui de l'Egypte ou de la Turquie. Ce taux est différent selon qu'il s'agisse de produits agricoles ou manufacturiers. Même si le taux moyen simple de ces derniers avoisine les 21%, notre industrie reste quand même moins ouverte au commerce international que des pays comme la Turquie et l'Egypte. Sur le volet agricole, notre production est davantage protégée. Mais ceci n'est pas le propre du Maroc. Un comparatif avec des pays concurrents comme l'Egypte, la Turquie ou la Tunisie démontre que les tarifs moyens de protection dépassent les 40% dans ces pays, y compris le Maroc. En Tunisie ou en Egypte, ce taux peut même s'envoler à 65%. Au Maroc, des produits comme les viandes, les animaux, les produits laitiers et les céréales suscitent un intérêt particulier pour les Marocains qui en produisent. Un coup de pouce aux entreprises Pour les protéger, le pays a instauré des tarifs assez élevés. «Ils sont le résultat de la transformation en tarifs des restrictions quantitatives dans le secteur agricole, suite aux accords de l'Uruguay Round. Toutefois, les tarifs effectivement appliqués pour ces produits de base sont inférieurs à ceux qui sont consolidés à l'OMC», explique-t-on à la DEPF. Par ailleurs, «les principaux intrants agricoles (semences, engrais…) et biens d'équipement (matériel de travail du sol et de récolte, matériel d'irrigation…) ne sont soumis qu'à un droit d'importation minimum de 2,5%». En ce qui concerne les biens importés, les taux appliqués sont assez faibles. Les pouvoirs publics l'ont voulu ainsi pour donner un coup de pouce aux entreprises qui souhaitent améliorer leur appareil productif et se mettre à niveau. Cet avantage est octroyé pour les biens qui ne sont pas produits au Maroc et qui sont nécessaires à l'entreprise de manière générale. Par contre, les produits manufacturés qui pourraient faire de la concurrence aux produits locaux sont largement taxés. La DEPF énumère des produits de l'industrie agroalimentaire, les plastiques, la papeterie, les textiles, les cuirs, les chaussures et les produits métalliques. Ceux-là sont protégés car plusieurs entreprises marocaines les produisent. Mais en les protégeant trop, les pouvoirs publics ne leur rendent pas que des services. Les industries en question peuvent ne pas trop se pencher sur les efforts à fournir pour devenir plus compétitives. Mais dans la course aux marchés, chaque pays use de ses moyens pour se protéger. Certains n'ont pas de gêne à instaurer des tarifs élevés. D'autres appliquent des barrières non tarifaires. Tous les moyens sont bons. ◆