Derniers réglages pour Ahmed Réda Chami et ses hommes. Le ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies se fixe comme limite la fin de l'année pour boucler la nouvelle stratégie 2015 pour l'industrie. En attendant, il dresse pour nous les grandes orientations de cette nouvelle feuille de route pour le secteur industriel. Challenge Hebdo : votre département est en train de mettre la main sur les derniers détails de la feuille de route pour le secteur industriel. Quels sont les grands axes de cette nouvelle stratégie industrielle ? Ahmed Réda Chami : nous allons œuvrer selon cinq axes. Le premier vise le développement des Métiers Mondiaux du Maroc autour de la mise en place de Pôles Industriels Intégrés ou P2I qui constitueront le cœur de l'offre Maroc aux investisseurs. En plus des incitations sectorielles, cette offre comprendra du foncier à bon prix, des services généraux et spécifiques communs et un guichet unique pour faciliter toutes les interactions. Le deuxième axe concerne la modernisation compétitive des PME par des actions sur tout le cycle de vie de l'entreprise. Le troisième est l'amélioration du climat des affaires avec une approche réaliste, ciblée et pragmatique. Le quatrième axe est celui de l'adéquation de la formation aux besoins des investisseurs. Enfin, le cinquième axe est la création de l'Agence pour le Développement des Investissements pour nous donner des moyens humains et financiers à la hauteur de nos ambitions et réussir le défi de l'exécution. C. H. : quid des recommandations du Plan Emergence qui prônent par exemple des Maquilladoras ? Allez-vous vous démarquer de cette vision industrielle ? A.R.C. : comme je l'ai dit lors de la présentation à Sa Majesté, nous travaillons dans la continuité d'options que nous considérons comme judicieuses pour le développement des Métiers Mondiaux du Maroc. Aujourd'hui, Emergence continue de vivre, mais le concept des Maquilladoras s'est transformé et a été remplacé par les P2I. L'objectif est de construire et de promouvoir une Offre Maroc qui attire l'investissement dans ces secteurs. C. H. : jusqu'à quel niveau les industriels vont-ils être impliqués dans la finalisation de cette nouvelle feuille de route ? A.R.C. : les industriels sont nos partenaires, le travail que nous effectuons débouchera, en concertation avec eux, sur un contrat-programme que nous signerons avec la CGEM avant la fin de l'année. Cette approche est la bonne, à mon sens, car elle donne de la visibilité à tous les acteurs et leur permet de se positionner. Je tiens d'ailleurs à saluer le rôle remarquable que joue le privé marocain dans la promotion du Maroc à l'international. C. H. : le Maroc a connu plusieurs politiques industrielles, mais pas une seule n'a réussi jusqu'ici à positionner ce secteur. Pensez-vous qu'avec cette Vision 2015, l'industrie marocaine va être relancée pour de bon ? A.R.C. : l'industrie est loin d'être aujourd'hui un secteur marginal de notre économie, elle fait vivre plus d'un million de familles. Notre tissu industriel est plein d'entrepreneurs de grand talent qui ont réussi malgré les difficultés à réaliser de grandes success stories. Maintenant, je suis convaincu que c'est insuffisant et qu'il s'agit d'aller plus vite et plus loin. Nous avons des opportunités réelles à saisir. Ces opportunités sont basées sur les grandes réformes qu'a connues le Maroc, sur les infrastructures que nous avons vues naître au cours des dernières années ainsi que sur une conjoncture internationale caractérisée par le remodelage de la carte industrielle de production. À nous de travailler pour que ces opportunités se transforment en richesses et surtout en emplois.