Le Gitex Africa, le plus grand salon technologique du continent, se déroulera à Marrakech du 14 au 16 avril 2025. Cet événement, qui est en pleine expansion, attire de plus en plus les géants mondiaux de la technologie, attirés par le potentiel stratégique du Maroc en tant que porte d'entrée vers le marché africain. Alors que l'économie numérique du pays est en pleine croissance, elle fait également face à des défis importants que le Maroc devra surmonter pour réussir sa transition numérique et tirer pleinement parti de ses opportunités. Ce rendez-vous mondial des nouvelles technologies représente une chance unique pour le Royaume de renforcer sa place sur la scène internationale, tout en stimulant les investissements et l'innovation. Mais ces promesses sont aussi accompagnées de défis à relever pour garantir une croissance inclusive et durable. Le Gitex Africa est un salon incontournable pour l'économie numérique et les technologies émergentes, qui attire des acteurs du monde entier. Cette année, l'événement s'annonce comme l'un des plus ambitieux avec la participation prévue de 45 000 visiteurs, 500 exposants, 250 start-ups et 125 entités gouvernementales. Cette troisième édition est d'une importance capitale pour le Maroc, car elle constitue une occasion de consolider sa position stratégique à la fois au niveau continental et international. Le pays, en tant qu'hôte, se place ainsi au cœur d'une dynamique d'innovation et de transformation numérique. Des entreprises comme Oracle, Amazon Web Services, et OVH Cloud ont d'ores et déjà confirmé leur présence, témoignant de l'intérêt croissant que suscite le Maroc en tant que pôle d'innovation et d'investissement dans le secteur technologique. Ces géants mondiaux s'intéressent à l'écosystème numérique marocain et, au-delà de leurs investissements directs, ils contribuent à la stimulation de l'innovation locale et au développement de start-ups et de PME dans le domaine des technologies. Le Maroc, un pays en pleine transformation numérique Le Maroc a entamé son processus de transformation numérique dès les années 2000 avec des initiatives dans le secteur des télécommunications, avant d'élargir progressivement son champ d'action. Les premières avancées, bien que modestes, ont jeté les bases de ce qui allait devenir un véritable projet national pour le pays. Dès 2017, la loi cadre n°61-16, qui a permis la création de l'Agence du Développement Digital (ADD), a été un tournant important. Cette agence a pour mission d'établir un cadre normatif pour les produits et services numériques, de faciliter l'accès des citoyens à l'administration à travers la digitalisation et de favoriser l'innovation par le biais des start-ups et des PME. Cette approche vise à garantir une inclusion numérique durable et à positionner le Maroc comme un leader de la digitalisation en Afrique. Lire aussi | GITEX AFRICA 2025 : l'APEBI mise sur un "Village" pour promouvoir le numérique marocain La stratégie digitale du pays repose également sur un objectif ambitieux d'améliorer les services publics grâce à l'utilisation des nouvelles technologies. Cela inclut la création d'une plateforme numérique unique pour la gestion des services publics, la généralisation de l'utilisation des outils de signature électronique, de l'identité numérique (e-ID) et de l'interopérabilité entre différents services administratifs. Digital Morocco 2030: une feuille de route ambitieuse Lancé récemment, le programme Digital Morocco 2030 constitue une étape décisive dans la modernisation numérique du Royaume. Cette stratégie vise à former 100 000 jeunes dans les métiers du numérique d'ici 2026, un objectif ambitieux comparé aux 14 000 jeunes formés dans ces spécialités au cours des dernières années. Le budget alloué à cette initiative est de 11 milliards de dirhams pour la période 2024-2026. Ce programme met l'accent sur la digitalisation des services publics et l'amélioration de l'infrastructure numérique, notamment par l'accélération de la mise en place des services en ligne pour faciliter l'accès des citoyens aux démarches administratives. Les autorités marocaines ont pour ambition de faire du pays un modèle de digitalisation en Afrique. L'un des objectifs phares est de hisser le Maroc au sommet du classement mondial des services publics numériques. Actuellement classé 14e en Afrique et 113e au niveau mondial, le pays vise la 1re place sur le continent et la 50e au niveau mondial d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, plusieurs leviers doivent être actionnés, notamment au niveau de la gouvernance, de la réglementation et de l'inclusion numérique. Un enjeu d'inclusion numérique et de développement des compétences La formation et le développement des compétences dans le secteur numérique sont au cœur de la stratégie Digital Morocco 2030. La mise en place de programmes de formation adaptés aux besoins du marché du travail est essentielle pour assurer une main-d'œuvre qualifiée prête à répondre aux défis de la transformation numérique. Le pays prévoit également la mise en place d'un système éducatif renforcé pour le développement de la compétence numérique, notamment à travers la généralisation de l'enseignement à distance et la formation continue des jeunes dans les métiers émergents de la tech. Lire aussi | Maroc Telecom et Zoho s'allient pour accélérer la transformation digitale des entreprises au Maroc Cependant, bien que ces initiatives ouvrent de nombreuses perspectives pour le pays, des défis majeurs demeurent. Le Maroc doit notamment veiller à une véritable inclusivité des services numériques afin de ne pas laisser de côté les populations vulnérables, qu'il s'agisse des jeunes dans les zones rurales ou des personnes en situation de handicap. L'accès à internet doit être perçu comme un service public essentiel, et des solutions abordables doivent être mises en place pour garantir que tous les citoyens puissent bénéficier des avantages de la digitalisation. La digitalisation, un moteur pour la croissance économique La transformation numérique a des répercussions profondes sur l'économie marocaine. Le secteur bancaire est l'un des plus avancés dans la digitalisation, avec une prolifération des services financiers numériques. Les opérations bancaires à distance, les paiements en ligne, les services de mobile banking et l'intégration des chatbots pour l'assistance client sont désormais monnaie courante. Ce processus de digitalisation pourrait également stimuler la production locale, notamment en matière de semi-conducteurs, qui sont essentiels pour l'utilisation des nouvelles technologies. Cette transition représente une occasion pour le Maroc de se positionner comme un acteur majeur dans la fabrication de composants électroniques, avec un potentiel d'exportation vers d'autres marchés. Dans des secteurs comme la santé, l'éducation et la justice, la digitalisation représente également une opportunité de modernisation. L'enseignement à distance, par exemple, a montré son efficacité pendant la pandémie de Covid-19 et pourrait devenir une solution pérenne pour les zones éloignées. De même, la digitalisation des services de santé permettrait d'améliorer l'accès aux soins et la coordination entre les professionnels de santé. Dans le secteur de la justice, la numérisation des procédures administratives et judiciaires devrait permettre de réduire les délais et d'améliorer l'efficacité du système. Les défis de l'emploi et de la concurrence étrangère La transformation numérique n'est cependant pas sans conséquences pour le marché du travail. Si certains secteurs bénéficient d'une automatisation accrue, cela pourrait entraîner la suppression de certains emplois, en particulier dans les secteurs traditionnels comme la banque, l'industrie et l'administration publique. Le secteur bancaire a déjà observé une diminution significative du nombre d'agences physiques au profit des services en ligne. Cette évolution pourrait se généraliser à d'autres secteurs, avec des impacts sur les employés en place. Lire aussi | GITEX Africa Morocco: des exposants et des participants de 130 pays attendus à Marrakech Le Maroc doit donc anticiper ces changements en mettant en place des programmes de reconversion professionnelle, qui permettraient aux travailleurs dont les métiers sont menacés de se réorienter vers de nouveaux domaines en pleine croissance, comme les technologies de l'information, la cybersécurité et l'intelligence artificielle. Parallèlement, un autre défi majeur pour le Maroc réside dans la concurrence étrangère. Les grandes entreprises internationales, qui ont accumulé des années d'avance dans le domaine numérique, risquent d'absorber une grande partie du marché local. Le Royaume doit ainsi encourager la croissance de ses propres start-ups et PME numériques, en leur offrant des conditions favorables à leur développement et en leur permettant de se positionner sur les marchés internationaux, notamment en Afrique.