Fort d'une trentaine d'années d'expérience dans le secteur de la finance, la patronne de la BCP connaît très bien ses concurrents. Dans ce secteur bancaire en pleine reconfiguration, quels seront les défis de cette gouvernance ? Dans un secteur bancaire marocain en pleine mutation, la nomination de Naziha Belkeziz à la tête du groupe Banque Centrale Populaire (BCP) en novembre dernier a marqué un tournant significatif. Avec plus de trente ans d'expérience dans la finance et une solide connaissance du paysage concurrentiel, cette dirigeante aguerrie incarne à la fois la continuité et la rupture. Première femme à accéder à un tel poste au Maroc, Naziha Belkeziz a démarré sa carrière en 1992 au sein de la Banque commerciale du Maroc (BCM). Diplômée de l'Université Paris-Dauphine, de l'Université Hassan II de Casablanca et du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) à Paris, elle a occupé tour à tour les postes de responsable du financement de l'investissement, de l'immobilier et du tourisme au sein de la direction des crédits, de senior banker au sein de la direction des grandes entreprises et des institutionnels, d'économiste en chef d'Attijariwafa Bank. Après l'étape Attijariwafa, Naziha Belkeziz s'est investie dans le domaine du conseil en s'associant au cabinet français « Associés en gouvernance ». Lire aussi | Naziha Belkeziz prend officiellement les rênes de la Banque centrale populaire Aujourd'hui, en tant que première figure féminine à diriger une grande banque de la finance marocaine, quel sera le modus operandi de la BCP dans un secteur en pleine reconfiguration, marqué notamment par le retrait des banques françaises ? Rappelons que sa nomination intervient dans un contexte où les grandes banques marocaines redéfinissent leurs stratégies face à l'essor du digital, à la pression de la rentabilité et à l'ambition d'expansion africaine. Une gouvernance sous pression dans un secteur en recomposition « Le premier défi de Naziha Belkeziz sera de rassurer en interne tout en projetant une ambition claire en externe. Héritant d'un groupe à forte identité mutualiste mais engagé dans une stratégie d'internationalisation, notamment via Banque Atlantique en Afrique de l'Ouest, elle devra affiner la vision stratégique de la BCP pour maintenir l'élan tout en renforçant la rentabilité », nous confie une de nos sources dans le secteur de la banque. Avec un résultat net consolidé en hausse de 8,7 % au premier semestre 2024 (3 milliards de dirhams), la dynamique est là, mais reste fragile face aux tensions sur les marges et à la montée des risques financiers. Lire aussi | Naziha Belkeziz en passe de devenir la première femme à diriger une banque marocaine Dans ce paysage hautement concurrentiel, « la patronne de la BCP se distingue par une approche dite "sociale" du métier bancaire, mettant l'humain au cœur de l'organisation. Une posture qui, si elle reste alignée avec l'ADN du groupe, devra s'accompagner d'une gestion fine des risques et d'une accélération des chantiers technologiques », nous confie une autre source, cette fois au sein du groupe. Contrairement aux lectures simplistes qui veulent l'opposer frontalement à Attijariwafa Bank, Belkeziz semble privilégier une logique d'évitement du duel au profit d'une différenciation. Une manière d'imposer sa marque avec méthode. En attendant, la nouvelle patronne de la BCP est attendue sur plusieurs fronts : croissance externe, transformation digitale, refinancement et compétitivité. Dans le top 20 des banques africaines Selon les données de Jeune Afrique, trois grands groupes bancaires marocains font partie du top 20 des plus grandes banques africaines du continent. On a Attijariwafa Bank qui vient en tête, en se positionnant à la 9e place continentale. La Banque Centrale Populaire (BCP) pointe au 19e rang, juste devant un autre géant marocain, à savoir BMCE Bank of Africa, qui occupe la 20e place. Dans la région Afrique du Nord, la BCP occupe le 4e rang sur un total de 20 banques classées.