Le wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, n'est pas allé par quatre chemins pour décrire la situation financière de la majeure partie des pays en Afrique, qui risque de se trouver, à nouveau, larguée du fait de la révolution digitale et de l'essor l'intelligence artificielle. « La fracture avec le nord a, malheureusement, tendance à s'élargir », a déploré, mardi à Rabat, M. Jouahri, à l'ouverture du 4ème Symposium régional de haut niveau sur la stabilité financière, qui rassemble les banques centrales et les autorités de régulation dans le continent. Il expliqué qu'au regard du rythme de la révolution digitale et de l'essor que connait l'intelligence artificielle, « de nombreux pays africains peu préparés pour en concrétiser les opportunités, se trouvent, en revanche, à affronter les risques qu'ils engendrent, notamment la menace cybernétique ». Lire aussi | Abdellatif Jouahri au top 10 des meilleurs gouverneurs de banque centrale au monde «Outre la pandémie et ses séquelles, nous avons assisté à une série de chocs liés à la multiplication des conflits, à la récurrence des phénomènes climatiques extrêmes et à la résurgence des pressions inflationnistes », a-t-il souligné. Résultat de ces mutations profondes et des changements de paradigmes, l'inflation a atteint « des niveaux exceptionnels, érodant ainsi le pouvoir d'achat déjà faible de la population ». Selon les données du FMI, l'inflation en Afrique subsaharienne a atteint en moyenne 16,2% en 2023 et aujourd'hui, bien qu'en nette baisse, le niveau des prix reste élevé. Lire aussi | Taux directeur, inflation, croissance... ce qu'il faut retenir du Conseil de Bank Al-Maghrib Sur un autre registre, a-t-il poursuivi, la dette publique africaine a atteint, selon les données du FMI, près de 1 800 milliards de dollars à la fin de l'année 2023, représentant 60% du PIB pour les pays subsahariens et près de 77% pour les pays d'Afrique du Nord, soit le double de son niveau de 2010. En l'espace d'une dizaine d'années, la dette extérieure de l'Afrique est passée de moins de 20% du PIB à près de 30% et son ratio aux exportations a pratiquement doublé à 140%. Lire aussi | Contrairement aux attentes, BAM maintient inchangé le taux directeur Face à ces défis, a-t-il estimé, l'Afrique a les moyens de poursuivre son développement et son émergence. Son principal atout est son capital humain, avec une population jeune et en forte croissance, mais aussi ses richesses naturelles abondantes, ses terres arables et ses gisements de minerais et de métaux précieux.