Lors de la conférence de presse tenue mardi à l'issue de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) pour l'année 2024, le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a abordé plusieurs sujets clés, notamment la baisse du taux directeur, la promotion de l'adoption du digital, l'essor du crowdfunding et la flexibilité du dirham. Baisse du taux directeur Bank Al-Maghrib a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base, le faisant passer de 3% à 2,75%. Cette décision, prise à l'unanimité par les membres du Conseil, reflète les progrès notables de l'économie nationale. Jouahri a souligné : « La stabilisation de l'inflation, qui devrait atteindre un niveau inférieur à 2% en 2024, a été un facteur déterminant. » Il a ajouté que la croissance économique nationale est prévue à 4,5% en 2025, un niveau inédit depuis longtemps. « Nous visons à maintenir l'équilibre macroéconomique tout en renforçant les réserves officielles de la Banque, offrant ainsi une couverture d'environ cinq mois et demi d'importations de biens et services, » a-t-il précisé. Lire aussi | « La baisse du taux directeur ne pourra à elle seule soutenir le pouvoir d'achat » Promotion de l'adoption du digital Jouahri a également mis en lumière la nécessité de renforcer l'éducation financière et de promouvoir l'adoption du digital pour contrer la forte circulation fiduciaire, qui représente environ 30% du PIB marocain. « Le cash demeure la principale voie de financement du blanchiment d'argent et du terrorisme en raison de son anonymat, » a-t-il affirmé. Il a annoncé l'introduction imminente de la monnaie digitale, e-dirham, qui devrait aider à réduire l'utilisation du cash. « Bien que le cash soit un droit du citoyen, ce droit a des contreparties. Lorsque le gouvernement demande que le cash passe par le digital, il le fait pour faciliter le contrôle ultérieur, ce qui est dans l'intérêt de la communauté, » a-t-il souligné. Développement du crowdfunding Trois agréments ont été accordés jusqu'à présent pour des sociétés de financement collaboratif (crowdfunding), dont un pour la catégorie « don ». Jouahri a exprimé son optimisme quant au potentiel de cette nouvelle forme de financement pour soutenir les start-ups et les petites entreprises au Maroc. « Je suis optimiste quant au développement du crowdfunding au Maroc. Cette initiative représente une expérience cruciale nécessitant une analyse approfondie des données pour évaluer son efficacité, » a-t-il déclaré. Le crowdfunding offre une alternative de financement permettant de collecter des fonds via des plateformes internet, ce qui peut être particulièrement bénéfique pour divers acteurs économiques, y compris les associations et les coopératives. Lire aussi | Le Financial Times désigne Abdellatif Jouahri meilleur banquier central en Afrique Flexibilité du dirham Enfin, Jouahri a abordé la question de la flexibilité du dirham, soulignant l'importance de préparer les Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME) à cette transition. « Bien que les conditions économiques soient favorables, les TPME ne sont pas encore prêtes à faire face aux ajustements fréquents du taux directeur et aux variations des taux d'intérêt, » a-t-il expliqué. « Il est crucial que les opérateurs économiques soient en mesure de pouvoir s'adapter à ces changements, » a-t-il conclu, notant que des politiques d'accompagnement sont mises en place pour aider ces entreprises à s'adapter aux changements futurs.