« Au cours des prochaines années, le Maroc pourra rivaliser avec l'Europe, en termes de compétitivité, dans la production de batteries pour véhicules électriques », révèle un rapport publié par le gouvernement britannique. Explications. Dans un rapport intitulé "From Minerals to Manufacturing: Africa's Competitiveness in Global Battery Supply Chains", présenté récemment lors d'une réception sur les énergies renouvelables à Lagos, David Lammy, ministre britannique des Affaires étrangères, a mis en avant les atouts indéniables du Maroc dans la production de batteries VE. En effet, le rapport, d'une centaine de pages consulté par Challenge, examine non seulement les opportunités offertes par l'Afrique en matière de matières premières pour les batteries, mais aussi sa capacité à se positionner comme un fabricant compétitif pour les marchés européens. D'après ledit document, le Maroc pourrait concurrencer l'Europe en termes de compétitivité d'ici 2030, date à laquelle ses usines seraient en mesure, grâce aux subventions étatiques, de produire des batteries lithium-fer-phosphate (LFP) à un coût de 72 dollars par kilowattheure (kWh), pas loin des 68 dollars par kWh sur le Vieux Continent. Lire aussi | Batterie électrique : Un potentiel considérable pour le Maroc Outre sa stabilité politique et sa proximité avec l'Europe, le rapport cite aussi parmi les atouts du Maroc « ses réserves de matières premières essentielles pour les batteries, qui font du Royaume une plaque tournante de premier plan pour la production de batteries en Afrique ». Le document souligne également qu'au cours des six prochaines années, le Maroc sera « le seul pays africain à disposer de capacités de production de cathodes », composant majeur des batteries pour VE. « Avec un positionnement industriel sur la chaîne de valeur des batteries de voitures électriques, notre pays sera en mesure de fabriquer un composant important représentant 35 à 40 % de la valeur totale du véhicule électrique. Il est également à noter que nous n'avions que des unités d'assemblage de moteurs à combustion et pas de production locale en raison d'un manque de fonderies et de sociétés spécialisées dans l'usinage de parties complexes des moteurs à combustion. Ce dernier est constitué de plus de 2 000 composants à l'inverse du moteur électrique qui ne compte que 20 pièces et qui est plus simple à fabriquer. Cette diversification vers la production de moteurs électriques ouvre de nouvelles opportunités. Des acteurs nationaux tels que Stellantis, Renault et Neo Motors seront, sans aucun doute, en mesure de proposer une gamme variée de voitures électriques d'ici 2035 », nous confie Badr Ikken, CEO de GI3. De son côté, le président de l'AIVAM, Adil Bennani, déclare : « Grâce à l'écosystème qui est en train de se mettre en place entre fabricants de batteries (CNG, Gotion) et d'équipementiers (LG Chem, BTR, Hailiang, Shinzoom, etc.), le Maroc rivalisera avec l'Europe sans aucun doute. » VE au Maroc, un secteur passé au scanner ! Selon les conclusions d'une étude menée par la Fédération de l'Energie, « le coût d'usage d'un véhicule électrique (incluant le coût de la batterie) reste toujours imposant pour le consommateur, à cause de sa batterie pénalisante et de l'installation d'une infrastructure de recharge, puisque plus de 80 % des usagers rechargent leurs véhicules à domicile ou parfois dans un lieu de travail ». Et de poursuivre : « Cependant, en incluant des mesures d'aide et des incitations par l'Etat, le véhicule électrique verra son coût baisser systématiquement et deviendra plus intéressant qu'un véhicule thermique. À noter que dans le futur, et suite aux normes environnementales, les véhicules thermiques deviendront de plus en plus chers afin de réduire leurs émissions de GES et de particules fines. » Lire aussi | Voitures électriques : 4 Citroën Ami traversent l'Afrique Au Maroc, il faut dire que l'utilisation des VE demeure encore réservée à une certaine niche. Mieux que rien. En 2023, selon les chiffres de l'AIVAM, le marché automobile marocain a enregistré une légère hausse de 25,28 % des ventes de véhicules électrifiés, totalisant 7 165 unités vendues, incluant les modèles électriques, hybrides et hybrides rechargeables. Cependant, cette croissance ne représente que 4,5 % de la part totale du marché, qui compte 161 504 véhicules immatriculés au Maroc. La part des véhicules à énergie alternative (véhicules hybrides et électriques) reste faible : 4,5 % (contre 47 % en Europe). Les véhicules entièrement électriques constituent seulement 6,46 % des ventes d'unités électrifiées, avec 463 unités vendues, constate l'AIVAM dans sa dernière note météo dédiée au secteur automobile marocain. Dans les chiffres, l'axe de l'électrique ne suscitant pas un vif intérêt du grand public a seulement enregistré un total de vente de 463 unités. La majorité des ventes est dominée par trois acteurs, notamment Dacia (146 unités), Citroën (84 unités) et BYD (38 unités). Les autres ventes sont partagées principalement entre des marques premium telles qu'Audi, qui a récemment introduit ses modèles Q8 e-tron et Q8 e-tron Sportback entièrement électriques, et Mercedes, qui a lancé une gamme complète de six véhicules électriques il y a deux mois. Par ailleurs, l'hybride rechargeable suscite un intérêt croissant parmi les clients des marques de luxe, atteignant 561 unités en 2023 par rapport à 380 unités en 2021. Cet axe est dominé par Porsche avec ses 130 unités, Land Rover (112 unités) et Mercedes-Benz (104 unités). Quant au 100 % hybride, c'est lui qui, pour l'heure, a le plus d'aura auprès de la clientèle marocaine. Il est dominé par le constructeur Toyota avec 3 470 unités, suivi de Hyundai (1 319 unités) et, à la troisième place, Renault (367 unités). Il a totalisé en 2023 près de 6 141 unités vendues. Sur l'année 2023, le marché automobile marocain comprend 24 marques et 82 modèles NEV (New Energy Vehicles) contre 18 marques et 71 modèles en 2022. Adil Bennani demeure, cependant, confiant sur le potentiel du Maroc dans le développement d'un véritable marché de l'électrique. Il a insisté sur les actions urgentes à mener : « La création d'un climat d'incitation est un passage obligatoire pour sensibiliser », martèle Bennani. Et d'ajouter : « À titre d'exemple : une prime au renouvellement de véhicule électrique, la mise en place d'une fiscalité verte... »