Le Maroc a toujours considéré les USA comme un partenaire de choix. À quelques jours des élections américaines, Rabat observe de près la trajectoire de la politique américaine. En presque 4 ans, le Maroc a dépensé près d'un montant de 1 468 991 dollars en lobbying aux USA, selon les chiffres du « Foreign Agents Registration Act (FARA) », relevant du Département de la Justice. Dans les détails, près de 863 991 dollars ont été déboursés par le gouvernement marocain et 605 000 $ par des parties non gouvernementales. Il faut dire que le premier chiffre reste très inférieur au 1,61 million de dollars enregistré une année auparavant. Il reste toutefois supérieur à celui de 2017, durant laquelle le royaume n'a dépensé que 240 000 $. Lire aussi | Présidentielle américaine : l'impact de Kamala Harris pour le Maroc Le record a été constaté en 2016 et 2018, années durant lesquelles des montants respectifs de 3 M$ et de 2,39 M$ ont été dépensés en lobbying aux Etats-Unis. Selon les données du Center for Responsive Politics, quatre cabinets de lobbying aux Etats-Unis se sont accaparés les contrats du Maroc. En 2020, les cabinets Third Circle Inc., appartenant à Scott Pruitt, et Neale Creek, appartenant au lobbyiste Andrew King, ont déclaré des montants respectifs de 603 991 $ et 180 000 $ réglés par le Maroc. Ces mêmes cabinets ont également travaillé en 2020 pour le Qatar, pour des montants nettement supérieurs (360 000 $ et 450 000 $ respectivement). Ainsi, dans la première puissance du monde, la « communication institutionnelle » est d'un enjeu hautement stratégique. Et le Maroc, cette dernière année, en a saisi la portée. En plus de ces chiffres, dans la base de données du département américain de la Justice, on peut compter 85 actes enregistrés par des personnalités ou des institutions du royaume auprès de cabinets de lobbying. « La stratégie de la communication institutionnelle est aujourd'hui une stratégie offensive sur laquelle le Maroc se base pour appuyer sa vision aux USA », précise l'économiste et analyste politique Driss Aissaoui. Un retour vers JPG ? À la veille des élections américaines, les projecteurs sont braqués sur l'issue de cette confrontation entre démocrates et républicains. Au Maroc, ce rendez-vous électoral est suivi de très près par Rabat. Pour certains, c'est avec le candidat Trump que la relation peut avancer de façon croissante. « Le Royaume du Maroc ne pourra envisager l'avenir de ses relations de coopération avec les USA qu'avec un maximum d'optimisme durant les années à venir si une candidature de Trump venait à passer », nous confie l'économiste et analyste politique. Lire aussi | Harris contre Trump : place au duel entre les numéros deux Et de poursuivre : « Il faudra garder à l'esprit que les grandes avancées que le Maroc a pu inscrire dans le dossier du Sahara sont à mettre au crédit de la période du président Trump, qui a ouvert la voie à d'autres pays pour ouvrir des représentations consulaires dans les provinces sahariennes. La mise en pause de l'ouverture du consulat américain à Dakhla, depuis l'arrivée de l'administration Biden, tient au fait que les démocrates ont des préoccupations qui ne sont pas toujours en phase avec les intérêts à long terme du Royaume du Maroc », précise l'expert. Il faut d'ailleurs rappeler que c'était sous la mandature du Président Trump que le Maroc avait engagé le JPC, un cabinet de lobbying proche des républicains. Même si le contrat de ce cabinet a été rompu en janvier 2021, tout porte à croire qu'un prochain rapprochement semble probable. « Le lobbying fait par le Maroc auprès de l'administration Trump a été pour beaucoup dans la reconnaissance du Sahara marocain par les USA. Et grâce à cette reconnaissance, le Maroc a bénéficié d'une véritable dynamique sur le plan diplomatique, notamment les nombreux pays qui ont par la suite ouvert des consulats dans les provinces du Sud. Des pays comme l'Espagne ou comme la France qui ont de façon positive très avancé sur cette question », éclaire Aissaoui.