L'Istiqlal a désigné un bataillon de 30 avocats, dont huit bâtonniers, pour porter plainte contre Abdelilah Benkirane pour diffamation et non dénonciation d'un crime. Le Chef du gouvernement excédé par l'opposition qui en critiquant les mesures sur le rapatriement des devises, l'accusait de « couvrir » les voleurs, avait accusé lui-même les dirigeants de l'Istiqlal de détenir des fonds à l'étranger. Depuis, l'Istiqlal est en ébullition et Benkirane est muet. C'est certes une maladresse du Chef du gouvernement. Il aurait pu publier un communiqué pour s'excuser auprès des milliers d'Istiqlaliens et on aurait pu en rester là. Partout dans les démocraties, les excès verbaux sont résolus de cette manière. Les Istiqlaliens sont dans leur droit. Benkirane n'a pas accusé un individu, en l'occurrence Yasmina Baddou qui a déjà régularisé sa situation, mais les dirigeants du parti. Mais le pays a besoin d'un autre débat, plus serein et plus sérieux parce que les nuages s'accumulent et la tempête n'est pas à exclure. Ce procès spectacle risque d'être la goutte qui fait déborder le vase. Le PJD a dilapidé le capital confiance dont il jouissait avec une rapidité extraordinaire. Il ne tient pas ses promesses électorales parce qu'elles sont intenables mais à cela il ajoute une communication dévastatrice. Les Marocains en ont marre des sorties médiatiques méprisantes pour l'adversaire. Ce qui se passe aujourd'hui est très inquiétant. La classe politique dans son ensemble subit un rejet de masse encore plus marqué qu'avant. La crise sociale qui se noue devant nos yeux peut déboucher sur une catastrophe. Benkirane et Chabat pourraient s'élever au niveau des responsabilités qui sont les leurs et arrêter ce conflit permanent qui n'ajoute rien à leur gloire respective. Des excuses publiques devraient nous éviter un procès ridicule, dont l'issue est connue à l'avance. Parce que si Benkirane a des preuves contre n'importe qui et que son gouvernement n'agit pas c'est la fin des haricots. Puisqu'il sait qu'il a diffamé les Istiqlaliens qu'il s'excuse et qu'on en finisse.