M. Khalid Trabelsi a adressé au procureur du Roi près la Cour de cassation à Rabat, en son nom et en celui d'un collectif de pas moins de trente avocats, dont des bâtonniers de diverses villes du Maroc tous agréés près ladite juridiction, une plainte pour «diffamation» et «non dénonciation de délit commis», pour le compte du Parti de l'Istiqlal représenté par son Secrétaire Général, M. Hamid Chabat, contre le chef du gouvernement, M. Abdelilah Benkirane. Dans son mémorudum, dont copie nous est parvenue, Me Trabelsi expose, dans le détail les tenants et aboutissants de l'affaire et ses griefs contre le défendeur en rappelant, notamment, qu'en date du 31 décembre dernier, lors de la séance parlementaire mensuelle consacrée à l'évaluation des politiques publiques, le chef du gouvernement s'est livré à des digressions, comme à son habitude, pour se lancer dans un discours populiste et électoraliste, mettant ainsi à profit la transmission en directe des débats par la radiotélévision et usant de mots et d'expressions vulgaires et qui ne font point honneur aux institutions constitutionnelles qu'il est censé représenter, à savoir le gouvernement et sa présidence. Répondant, ensuite, à la députée istiqlalienne, Mme Kenza Ghali, au sujet du blocage du dialogue social et des résultats totalement nuls du gouvernement en la matière, le chef de l'Exécutif, au lieu de donner des explications sur ce dossier, a préféré se lancer dans des accusations calomnieuses, déplacées et sans fondement car ne reposant sur aucune preuve, contre des dirigeants du Parti de l'Istiqlal dont Mme Yasmina Baddou, membre du Comité exécutif du parti et ancien ministre de la Santé qui serait poursuivie pour possession d'appartements à Paris. Qui plus est, le chef du gouvernement a affirmé détenir des informations au sujet de «milliards» déposés dans des banques étrangères mais refuse de donner les noms des détenteurs de tels comptes frauduleux... L'homme de loi souligne, d'autre part, que le délit de diffamation est clairement établi, selon les dispositions de l'article 444 du Code pénal et du dahir du 15 novembre 1958 portant code de la presse. Il ajoute que vu que l'auteur de ces accusations affirme connaître les noms des présumés coupables de fuites de capitaux vers l'étranger mais refuse de les citer, vu que le fait de faire fuir des avoirs personnels ou des deniers publics est un crime qui tombe sous le coup du Code pénal, tout aussi bien que le fait de ne pas en dénoncer le ou les auteurs en vertu de l'article 299 dudit code, vu également que les membres du gouvernement, dont son chef, sont pénalement comptables des crimes et délits qu'ils auraient commis pendant l'exercice de leurs fonctions... et pour de multiples autres raisons liées à l'atteinte à la dignité des personnes visées, au non respect des institutions, etc. la défense des plaignants réclame la convocation du chef du gouvernement, M. Abdelilah Benkirane, afin qu'il réponde des crimes de diffamation envers le Parti de l'Istiqlal et sa direction et de non dénonciation d'auteurs de fuites de capitaux, qui lui sont ainsi imputés.