La dernière séance mensuelle de l'année 2013, d'interpellation du chef du gouvernement sur la politique générale, devant constituer en principe un temps fort de la vie parlementaire, a connu un dérapage ignoble, suite aux propos tout à fait indignes et scandaleux de M. Abdelilah Benkirane, qui a distribué, du haut de la tribune parlementaire, des accusations graves à l'encontre du Parti de l'Istiqlal, provoquant ainsi l'ire du monde politique. Ce sont des propos désadaptés et incongrus qui situeront leur auteur dans l'isoloir exigu de la fin d'un dirigeant politique et le jetteront à la périphérie de l'Histoire politique. Des propos qui font suffoquer la vie politique. Après un show machiavélique et des rires à la fois démoniaques et répugnants, M. Abdelilah Benkirane a quitté la coupole du parlement en levant le bras signifiant une indécente victoire. Un spectacle tout à fait symbolique de la médiocrité. Une attitude qui n'est pas digne et qui montre que le chef de gouvernement a une psychologie extrêmement particulière. Comme Chef de gouvernement, M. Benkirane lui manque la sagesse et le sens de responsabilité d'un homme d'Etat et la morale d'un homme politique. Au-delà des provocations méprisables, les accusations du chef de gouvernement ne sont-elle pas une fuite en avant ? M. Benkirane n'a t-il pas essayé de détourner l'attention de l'opinion publique de la gravité de la mesure d'amnistie instaurée par la loi des Finances 2014 pour les détenteurs des biens (l'argent liquide et les propriétés immobilières....) à l'étranger ? M. Benkirane n'a-t-il pas cherché à avilir la vérité au sujet d'une mesure qui protège les fraudeurs ? Une mesure, très controversée, donnant la possibilité aux fraudeurs qui détiennent des avoirs à l'étranger, sans jamais les avoir déclarés aux autorités compétentes, à régulariser leur situation auprès des pouvoirs publics en matière de la réglementation du change et du fisc. De plus, le gouvernement leur garantira l'anonymat. Cette mesure, au lieu de faire passer les fraudeurs devant la justice, passe l'éponge sur le passif sans tenir compte de l'origine de l'argent. Elle constitue une échappatoire réglementaire qui permettra de dissimuler la provenance d'argent acquis de manière illégale, devant être réprimée en vertu des dispositions de la loi du 30 août 1949 relative à la répression des infractions à la réglementation des changes et la loi relative à la lutte contre le blanchiment de l'argent. Le PI s'est opposé farouchement à cette décision gouvernementale et a dénoncé la protection qu'offre le chef de gouvernement à la corruption et au blanchiment de l'argent. Le chef de gouvernement n'a-t-il pas lui-même déclaré qu'il détient la liste des fraudeurs détenteurs de biens à l'étranger en dehors de la loi et refuse de poursuivre ces fraudeurs ? N'est-il pas vrai que M. benkirane est dans la non-dénonciation d'un délit, ce qui est répréhensible du point de vue de la loi ? Son discours hostile et agressif, émaillé de diffamation à l'encontre du PI et ses militants, ne relève-t-il pas du domaine de la loi ? Fort de son histoire politique et de son militantisme national, le PI, contre vents et marrées, continuera à démontrer l'incapacité de Benkirane à adopter la posture du chef de gouvernement avec ses nouvelles attributions constitutionnelles lui permettant d'assurer une gestion responsable, saine, efficace et efficiente des affaires publiques. Le PI continuera à dénoncer toute action de nature à nourrir ou protéger la rente et la corruption. La lutte contre la corruption ne fût-elle pas l'une des promesses électorales du PJD, le portant à la tête du gouvernement? Voilà comment le PJD et ses dirigeants nous ont trompé, NOUS les marocains. Le PJD use et abuse de slogans populistes pour manipuler le peuple et faire croire et admettre qu'il s'inscrit dans la lutte contre la corruption et les fraudeurs. Le PJD n'était en fait que dans une course effrénée pour atteindre le pouvoir et tout faire pour rester aux commandes, en témoignent les tractations pour la formation du gouvernement Benkirane II et l'architecture gouvernementale qui est issue, dépourvue de rationalité et de cohérence. Enfin, le masque est tombé. * Députée et membre du Comité exécutif du Parti de l'Istiqlal.