Si, en 2023, le solde du compte financier a enregistré positivement une capacité de financement de 2,8 MMDH, contre un besoin de financement de 26,3 MMDH, en 2022, les flux d'investissement directs étrangers (IDE) ont connu une baisse de 51,7%. Pourtant, aussi bien le contexte national que le contexte international ont été relativement favorables en termes de reprise. En effet, au niveau national, la loi de finances de l'année 2023 a entamé une réforme graduelle et alléchante de l'IS pour attirer les capitaux. Le taux normal d'imposition, en matière d'IS, devrait connaitre progressivement une baisse pour atteindre 20%, en 2026. Plusieurs autres mesures ont aussi été prises pour améliorer le climat des affaires dont la réforme des centres régionaux d'investissement (CRI) et leur transformation en établissements publics. D'après le rapport annuel de l'Office des changes (OC), le flux net des IDE au Maroc est passé de 22,96 MMDH, en 2022, 11,09 MMDH, en 2023, soit une baisse de 51,7%, à l'inverse du flux net des investissements directs marocains à l'étranger (IDME), qui est passé de 6,51 MMDH à 8,47 MMDH, soit une hausse de 30,1%. Si le rapport de l'OC souligne comme cause de ce recul des IDE, le « climat économique mondial » qui continue d'être impacté négativement par les tensions géopolitiques et une incertitude qui persiste, il y a lieu cependant de mettre l'accent sur les facteurs endogènes qui continuent à peser lourdement. C'est notamment le cas des défis structurels inhérents au cadre réglementaire et à la compétitivité qui continuent de freiner l'attractivité de l'investissement, pas seulement d'origine externe. Ainsi, à défaut de réformes structurelles ciblant en particulier les obstacles inhérents à l'économie de rente, les IDE ont bénéficié principalement à des secteurs à faible valeur ajoutée et à faible durabilité tels que le secteur immobilier qui a capté 53% du flux net total des IDE, soit 5,9 MMDH. L'immobilier est suivi des secteurs de transport et de l'entreposage, avec 18,3% des flux, et des activités financières et des assurances, qui représentent 13,4%. A eux seuls, ces secteurs représentent près de 85% du total des flux nets d'IDE. Cette concentration comporte des risques sectoriels spécifiques. Sur le plan géographique, il est important de relever que la France demeure le 1er investisseur étranger au Maroc, avec un flux net de 6,8 MMDH, en 2023, soit 61,4 % du total des IDE, suivi des Emirats Arabes Unis et du Royaume Uni. Ce qui traduit une faible diversification internationale des IDE et donc, là aussi, une dépendance à risques. A l'inverse, les IDME ont enregistré une croissance importante en 2023, pour atteindre un montant de 25,6 MMDH, soit une hausse de 25%, par rapport à 2022. En tenant compte des cessions qui ont augmenté de 22,6%, en 2023, le flux net des IDME a connu une hausse de 30,1%. Bien que prometteuse, cette évolution nécessite cependant une attitude plus prudente face à un risque de fuite excessive des capitaux, en veillant notamment à ce que ces investissements génèrent des retours significatifs pour l'économie nationale. Quant aux investissements de portefeuille, leur solde a enregistré une baisse significative de 39,4 MMDH. En revanche, les avoirs de réserves se sont accrus de 21,5 MMDH, grâce notamment aux principales activités industrielles destinées à l'exportation (OCP, automobile et aéronautique) et aux transferts des Marocains du Monde (MDM).