Dans une logique de défense numérique pour faire face aux éventuelles attaques cybernétiques, le Parlement va se doter d'un système de défense efficace. Il semble que les conseils de prudence émis par le Centre de Veille de Détection et de Réaction aux Attaques relevant de la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d'Information de la Défense nationale sont pris très au sérieux par les administrations du pays. Réagissant à chaud aux recommandations du centre de veille, la Chambre des représentants vient de lancer début juillet un appel d'offres pour l'acquisition d'un système de protection efficace censé renforcer sa sécurité numérique. Ces pare-feux devraient permettre de contrôler un trafic Internet de plus en plus dense sur les plateformes numériques du Parlement et, par la même occasion, d'intensifier la surveillance pour parer aux éventuelles malveillances. Lire aussi | Parlement : un pas timide vers la transparence Pour rappel, à la suite de l'importante panne mondiale affectant de nombreux utilisateurs et services vitaux (aéroports, compagnies aériennes, banques, chaînes de télévision, etc.) de Microsoft, la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d'Information de la Défense nationale avait mis en garde les opérateurs nationaux marocains en publiant un rapport détaillé qui indique que de nombreux utilisateurs ont été déconnectés de leurs systèmes et ont rencontré des erreurs critiques, affectant la stabilité des systèmes et, par conséquent, toutes les opérations régulières. Les ingénieurs informatiques de l'armée avaient alors recommandé « d'identifier les systèmes concernés qui utilisent Crowdstrike Falcon sur les systèmes Windows » et « de signaler à la DGSSI les incidents et les perturbations des services ainsi que les mesures prises suite à ce problème ». Pour Rachid Talbi Alami, qui a été reconduit à la tête de la présidence du Parlement en avril 2024, la problématique de la sécurité informatique est devenue vitale, depuis que la première chambre s'est dotée d'un portail dont l'ergonomie a été renforcée en 2020 pour le plus grand bonheur des internautes, des députés et des journalistes qui trouvent désormais l'information en temps réel sur les travaux des commissions et sur l'actualité de la Chambre. La démarche du Parlement n'a rien d'inédit. La plupart des Chambres des représentants dans le monde, et surtout en Europe, s'inscrivent dans une logique de défense numérique pour faire face aux ingérences étrangères et aux attaques cybernétiques. Avec l'explosion des réseaux sociaux et la montée des tensions géopolitiques, les députés sont de plus en plus exposés au risque que des forces étrangères tentent de perturber leur travail, voire d'agir sur les prises de décision. Lire aussi | Parlement : Le secteur minier sous la loupe Les « ennemis » du Sahara (cause nationale numéro 1 du Royaume) ont déjà opéré maintes tentatives de désinformation, de mésinformation et de propagande. Ces tentatives ne se contentent pas de relayer les faits et discours de la part d'acteurs hostiles au projet d'autonomie présenté par le Royaume mais visent à diffuser des informations fausses ou trompeuses dans le but de manipuler l'opinion publique et de créer une confusion telle que la vérité ne puisse plus être distinguée de la fausseté. Le Maroc n'est donc pas à l'abri des tentatives de manipulation de l'information et d'ingérence. C'est pourquoi beaucoup d'administrations (dont le Parlement) ont pris des mesures concrètes pour renforcer leur défense contre la désinformation et les tentatives systématiques d'ingérence d'acteurs étrangers.