Depuis les accords de Quincy, les USA ont une aura dans le secteur des hydrocarbures. Après leur renouvellement en 2005 par le président Bush, ces accords, qui assurent un prestige pétrolier aux USA, semblent prendre de l'eau. C'était au lendemain de la conférence de Yalta en 1945, que le président américain Roosevelt et le roi Ibn Saoud se rencontrèrent à bord du croiseur américain USS Quincy sur le lac Amer, situé entre Suez et Port-Saïd, pour sceller la première version des accords de Quincy. En ces termes, en échange du monopole d'exploitation des gisements d'Arabie saoudite par les Etats-Unis, ceux-ci s'engagent à protéger militairement le Royaume. Cet accord a été conclu pour 60 ans et a été renouvelé par George W. Bush en 2005. À cet égard, les déclarations clés des responsables américains à l'endroit du Royaume sont révélatrices. En juin 1948, le Secrétaire américain à la Défense de l'époque, John Forrestal, déclara : « L'Arabie doit désormais être considérée comme incluse dans la zone de défense de l'hémisphère occidental. » Selon les archives, dans une lettre adressée à Ibn Saoud en date du 31 octobre 1950, le président Harry Truman (1945-1952) se voulut plus explicite encore : « Aucune menace contre votre royaume ne pourra survenir sans constituer un sujet de préoccupation immédiate pour les Etats-Unis. » Avec le président républicain Dwight David Eisenhower (1952-1961), cette doctrine du grand deal fut confirmée. Lire aussi | Services à la personne: les ambitions marocaines du Directeur Général de O2 La « doctrine Ike » reposait plus que jamais sur l'idée cardinale selon laquelle on ne met pas en difficulté les alliés pétroliers du « Monde libre », ce qui revenait à leur assurer une sorte de glacis de protection. Des décennies après, pour bon nombre d'observateurs du Golfe, cette alliance du 14 février 1945 – qui avait lié pour le meilleur et pour le pire l'Arabie saoudite et les Etats-Unis – est devenue implicitement caduque. Une nouvelle réalité ! C'était en 2019 qu'une attaque qui avait ciblé la raffinerie d'Abqaïq et de Khurais avait jeté des interrogations sur le pacte de protection de l'Arabie saoudite ainsi que sur la riposte américaine contre les instigateurs. De plus, le nouveau visage du pays, en l'occurrence le prince héritier MBS, semble afficher un leadership qui présente une diplomatie des hydrocarbures assez ouverte en se rapprochant de nouveaux acteurs tels que la Chine ou la Russie. Rappelons que les Saoudiens ont rejoint le club des BRICS en début d'année et que cette alliance plaide ouvertement pour la dédollarisation. Lire aussi | Les raisons de la défaite de l'extrême-droite en France Cependant, conscient de cette nouvelle réalité, la Maison-Blanche, de son côté, opère un repositionnement stratégique. Premier producteur devant l'Arabie saoudite et la Russie, les Etats-Unis ont par ailleurs fortement diversifié leurs sources d'approvisionnement en faisant appel aux pays d'Amérique centrale et latine, voire à certains pays africains. Notons que ce repositionnement stratégique, en plus de certains aléas géopolitiques, a été conforté par un rapport de l'Agence internationale de l'énergie publié en 2013, qui annonçait la fin du miracle pétrolier saoudien et l'émergence de nouveaux sites dans les pays de l'Amérique latine. L'offre de pétrole saoudien vers la Chine en pleine croissance Les exportations de pétrole brut saoudien vers la Chine vont rebondir en août pour atteindre au moins 44 millions de barils, après de fortes réductions de prix de l'entreprise énergétique publique. Dans les détails, les exportations vers la Chine en août augmenteront pour la première fois en quatre mois, contre environ 36 millions de barils en juillet. Les acheteurs chinois de pétrole saoudien comprennent Zhejiang Petrochemical, Sinopec, Sinochem et PetroChina. À noter que Saudi Aramco fournira l'intégralité du volume contractuel à au moins trois autres raffineurs d'Asie du Nord en août.