Alors que l'Offre du Maroc en hydrogène vert tarde à prendre forme, nos concurrents africains avancent leurs pions. En effet, quatorze mois après la réunion de travail du 22 novembre 2022 sous la présidence du Roi Mohammed VI et durant laquelle il a demandé l'élaboration d'une "Offre Maroc" pour la filière de l'hydrogène vert et malgré la relance royale à ce sujet il y a déjà six mois (presque jour pour jour) pour « une mise en œuvre rapide et qualitative » de « l'Offre Maroc », les ministères concernés peinent à accorder leurs violons pour pondre le cadre réglementaire approprié. Rien de nouveau sous le soleil Aux dernières nouvelles à ce sujet, Mohcine Jazouli, Ministre délégué chargé de l'Investissement avait annoncé début octobre 2023, à la veille des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, que la diffusion imminente d'une circulaire interministérielle devrait incarner le premier jalon de l'opérationnalisation de cette Offre Maroc tant attendue. Près de quatre mois après, rien de nouveau sous le soleil qui devait pourtant incarner, avec le potentiel éolien, les atouts principaux de notre pays pour une production compétitive de ce nouvel or vert énergétique. Lire aussi | Hydrogène vert. Le danois CI Energy Transition Fund I passe à la vitesse supérieure pour son projet marocain Entre-temps, les groupements d'investisseurs internationaux qui avaient manifesté leur intérêt à planter leur étendard dans notre pays pour y développer des mégaprojets de production d'hydrogène vert, pour certains depuis plus de deux ans, se retrouvent toujours dans les starting blocks et déplorent le retard accusé à mettre en place un cadre propice aux investissements dans cette filière ultra-capitalistique, à libérer au passage l'assiette foncière adéquate et à planifier l'infrastructure de stockage et de transport adaptée à l'hydrogène vert. Certains commencent même à regarder ailleurs où le politique ne rime pas avec la procrastination ! Aussi, un acteur comme CWP Global lève le pied sur son projet Amun au large de Guelmim pour lequel il avait lancé les études de faisabilité il y a plus d'an... et mobilise davantage son énergie (c'est là où le bât blesse) sur son projet mauritanien au grand bonheur de notre voisin du sud dont le gouvernement a été plus diligent. Ce qui a convaincu le développeur américain d'énergies renouvelables d'amorcer, dans le sillage d'un MoU (memorandum d'accord entre les parties) signé récemment avec le gouvernement mauritanien, la deuxième phase de batteries de mesures, étape nécessaire pour calibrer les investissements de ce projet de 30 GW devant s'étendre sur 8500 km2 (Vs 5.500 km2 pour le projet marocain). Concurrence nord-africaine Pendant ce temps précieux, le projet Amun à Guelmin est au point mort. Quand on sait que la capacité de mobiliser les financements nécessaires n'est pas infinie y compris pour un géant comme CWP Global, il est à craindre que les projets des autres pays nord-africains (notamment en Tunisie et en Egypte) qui avanceraient plus vite ne raflent la mise en matière de levées de fonds auprès des bailleurs internationaux. Lire aussi | Hydrogène vert à Dakhla. Doublé réussi Sans compter qu'entre le premier coup de pioche pour la construction des centrales de production d'hydrogène vert et la sortie du premier kilogramme issu du process de l'électrolyse de l'eau, il faut compter au moins trois à quatre ans. C'est dire que le retard accusé par notre gouvernement risque de couter cher en dernière ligne droite où, à tout le moins, de repousser encore plus l'entrée en lice du Maroc dans la cour des grands de l'hydrogène vert.