L'Afrique est-elle condamnée à un retour aux anciennes pratiques de prise du pouvoir par l'armée dont le rôle principal, voire exclusif, est la défense de l'intégrité territoriale ? Egypte, Burkina Faso, Soudan, Mali, Niger (...) et aujourd'hui le Gabon. Le retour des putschs militaires semble se confirmer. Le 30 août, juste après l'officialisation de la réélection d'Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009, une douzaine de militaires gabonais a annoncé «mettre fin au régime en place», annuler les résultats des élections présidentielles, dissoudre les institutions et « mettre en place un Comité de transition et de restauration des institutions ». Le groupe de militaire putschiste a également annoncé la fermeture des frontières jusqu'à nouvel ordre. Lire aussi | Sahara : le soutien des BRICS à la position marocaine, un revers fatal pour l'Algérie, selon un magazine espagnol Juste avant cette « opération césarienne », Ali Bongo, président sortant, avait été déclaré réélu pour un 3ème mandat, avec 64,27% des suffrages exprimés. Ali Bongo fait partie d'une famille au pouvoir, bien connue en Afrique, et dans le monde, depuis plus de 55 ans. Depuis 1960, le Gabon a connu trois présidents. Le père d'Ali Bongo, Omar Bongo Ondimba, décédé en 2009, a dirigé le pays pendant plus de 41 ans. Omar Bongo était connu surtout pour ses capacités de médiations dans plusieurs crises africaines. Mais il était aussi connu comme l'un des piliers de la «Françafrique». Son fils Ali, plus prudent, s'inscrivant plus dans l'air du temps, semble avoir suivi un chemin différent, en prenant ses distances avec l'ancienne puissance coloniale qu'est la France et dont l'ancienne perception du continent africain n'a pas vraiment été abandonnée. Lire aussi | Seconde augmentation du SMIG : un scénario similaire à celui de 2022 Si ce coup d'Etat se maintient et se confirme, c'est toute l'Afrique qui devrait connaitre de nouvelles ondes de choc, compte tenu du poids du Gabon en Afrique, avec un risque élevé de contagion et de retour à des pratiques de conquête du pouvoir que l'on croyait révolues. Convoitée par ses richesses et son potentiel de croissance, l'Afrique semble condamnée à de nouvelles tragédies.