Deux journalistes Français ont été tués de sang froid au Nord du Mali. Ce crime abject intervient 48 heures après la libération des otages d'Areva, dont la longue détention a rapporté aux ravisseurs vingt millions d'Euros. Cette fois, il n'y a pas eu de kidnapping, juste un assassinat, un lâche assassinat. Cette exécution est un message pour la France : le problème politique du Mali n'est pas résolu. On a voulu, au moment du début de l'intervention, réduire celui-ci à la présence des Jihadistes. On a oublié que celle-ci est le fruit de divisions ethniques qui durent depuis une éternité. Les touaregs et leur organisation le MNLA, avaient pris les armes depuis près de deux ans, quasiment chassé le pouvoir central de l'Azawad. Restés neutres durant l'opération « Serval », ils ont même apporté parfois leur soutien sur le terrain, ils pensaient pouvoir arriver à un accord politique. Le nouveau président n'est pas prêt à accéder à leur demande d'autonomie. Les assassins voulaient aussi porter ce message. Les jihadistes ce sont quelques milliers de despérados, les populations du Nord sont des millions. La misère, la marginalisation par des pouvoirs successifs de toutes les manières très démunis ont renforcé les particularismes. Les solutions politiques miroitées par Laurent Fabius pour obtenir leur ralliement à l'opération serval, ne sont plus qu'un mirage. On ne leur propose plus que la dissolution de leur milice et « l'intégration au jeu politique ». Un retour à la case départ en quelque sorte. L'armée malienne a été incapable de les contenir à Gao ou à Kidal il y a 18 mois. On ne voit pas très bien comment elle serait capable de le faire, par ses propres moyens aujourd'hui. Les forces étrangères sont donc obligées de rester. Paris aimerait se retirer et passer la main aux africains. La situation sur le terrain ne le permet pas et l'uranium du Niger est trop proche, trop important pour que la France se permette la moindre légèreté. Ce conflit, appelé à durer, s'ajoute au chaos libyen, aux troubles tunisiens pour faire de la zone une poudrière. Les sécuritaires, les spécialistes font le même constat. L'intervention française était nécessaire et a permis d'éviter que l'ensemble du Mali ne tombe entre les mains d'Al Qaïda, mais elle n'a pas diminué les risques. C'est encore une fois une intervention armée qui pèche par manque de solutions politiques. Un pouvoir démocratiquement élu est installé. On oublie que c'était le cas avant la rébellion du Nord, la révolte des touaregs. Seul accord politique, une autonomie par exemple, permettra d'apporter une solution à ce conflit. Les deux journalistes sont morts en défense du devoir d'informer. Le meilleur hommage à leur rendre, c'est de ne pas se limiter aux thèses officielles. J. B P. S : Un groupe de hackers algériens, sûrement lié aux services, a piraté et tenté de détruire le site « Al Yassar Al Maghribi » le week-end dernier pour « protester contre les positions anti-algériennes ». Ils sont fous !