Après deux années d'absence due à la pandémie de la Covid 19, le Forum MEDays (dont le lancement remonte à 2008), reprend son bâton de pèlerin ce 2 novembre 2022 à Tanger, pour gagner de nouvelles batailles contre les causes et les impacts négatifs des crises. Par Abdellatif Ngadi Ce forum, placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI est devenu un grand évènement géostratégique international, africain et arabe. Il réunit en présentiel des leaders, des responsables politiques et économiques, des académiciens et des hommes d'affaires ainsi que des activistes de la société civile. Le thème central de cette 14ème édition du Forum MEDays « De Crise en Crise : Vers un nouvel ordre mondial ? » traduit bien le contexte international, marqué pendant cette décade et notamment durant ces trois dernières années, par des bouleversements sans précédent (pandémie de la Covid-19 et ses impacts douloureux, guerre en Ukraine au cœur de l'Europe, crise alimentaire et aggravation des conflits et des divisions sur le plan mondial). Lire aussi | 2021 : l'urgence du multilatéralisme face à la crise sanitaire mondiale Ce sont 200 intervenants qui vont mettre en œuvre leurs connaissances et leurs expériences à travers 50 sessions et tables rondes pour débattre pendant 4 jours avec plus de 5000 participants dont plus de 500 entrepreneurs, investisseurs et Business Angels ainsi que 80 représentants gouvernementaux. Les outputs qui seront générés ne peuvent être qu'utiles et de qualité puisque les modérateurs ne cessent de rappeler que les diagnostics doivent déboucher sur des recommandations, des amorces de réflexion et sur des alternatives et des ébauches de solutions. La matinée a été marquée dès 09h:30 par la Session Plénière d'Ouverture consacrée au thème : « Crises sécuritaires et instabilités en Afrique : Quelle Architecture de Paix, de Sécurité et de Stabilité pour le Continent ? ». Elle a été suivie d'une première discussion autour de la problématique du « Sahara Marocain : Zoom sur les récentes dynamiques ». Les intervenants ont salué les efforts économiques, politiques et diplomatiques du Maroc pour la préservation de son intégrité territoriale dans un contexte de balkanisation en Afrique. La table ronde 1 s'attacha à débattre du « Terrorisme, instabilité politique et menaces sécuritaires en Afrique : Existe-t-il une solution pour mettre fin à ce cercle vicieux ? La majorité des interventions des experts, anciens et nouveaux responsables et diplomates a souligné les points faibles de l'Afrique que sont : d'abord le recours au financement externe des projets, ce qui limite l'indépendance des décideurs et le recours à la sous-traitance de la sécurité nationale et qui porte atteinte à la souveraineté. En déplorant ainsi, l'absence d'un fonds monétaire africain, d'une force d'intervention de l'UA au lieu de l'ONU ou de forces étrangères... on ne peut en conséquence, que constater des contraintes qui renforcent soit le manque de volonté politique, soit un défaut de leadership. Lire aussi | Crise alimentaire mondiale : Les Marocains doivent-ils s'inquiéter ? On a rappelé que depuis la création de l'OUA en 1963 (Union Africaine depuis 2002), les Etats d'Afrique travaillent sur la problématique de l'intégration et de la paix et restent toujours dépendants des donateurs et bailleurs internationaux et des interventions étrangères. Ainsi, l'ancien ministre des Affaires étrangères des Comores, Fahmi Said Ibrahim El Maceli, a indiqué que la base principale de l'intégration est d'assurer la sécurité de l'Afrique par ses propres moyens. C'est au tour de l'ex-ministre des Affaires étrangères sénégalais Cheikh Tidiane Gadio, de lui emboîter le pas pour donner l'exemple du Burkina Faso, où le pays est devenu presque à 50 % contrôlé par les groupes djihadistes, alors qu'il y a 7 ans ces groupes étaient cloîtrés dans 1% du territoire. On a aussi soulevé la question de la sécurité sanitaire pour déplorer l'attitude de plusieurs pays et puissances qui ont ignoré l'Afrique, alors que le Maroc a été solidaire en partageant avec ses frères du continent masques, médicaments et vaccins. Quant à Ryad Mezzour, il a glissé une lueur d'espoir en rappelant que derrière chaque crise, il y a des opportunités de travail, de découverte des potentialités et d'identification des alternatives. C'est la stratégie du Maroc depuis 2005. L'après midi, le MEDays Investments Summit – Panel 1 a été consacré au thème ; "Energie(s) : Renouvelables + Hydrogène + Nucléaire Vs Charbon + Gaz + Schistes : Quel(s) mix(s) énergétiques en temps de crises et au-delà ? ». Lire aussi | Conjoncture économique mondiale. L'éducation, un levier de résilience L'intervention de Abderrahim EL HAFIDI, DG de l'ONEE a attiré l'attention de par les explications relatives au modèle énergétique marocain et des éclaircissements sur les réactions du Maroc aux différentes crises antérieures (1973,1979, 2008 et 2022). Il a par ailleurs tenu à préciser que les impacts changent d'une crise à l'autre et qu'aujourd'hui par exemple, nous nous trouvons dans une corrélation charbon – pétrole qui n'existait pas en 73-79 ou en 2009. Dès lors, les opérateurs énergétiques doivent trouver des solutions d'indépendance vis-à-vis de l'extérieur. En effet, plus on est dépendant, plus on est dans une situation critique aux niveaux de l'impact économique et de la sécurité énergétique. En définitive, le programme riche et varié du forum MEDays, témoigne de l'engagement des organisateurs pour en faire « un temps fort de l'agenda international des grandes conférences » et « une plateforme de promotion et de renforcement de la coopération et de l'échange Sud-Sud ». Il témoigne aussi de l'intérêt que lui accordent les partenaires, les sponsors et les participants pour œuvrer à sa réussite.