A fin 2007, les 500 entreprises catalanes installées au Maroc ont investi plus de 31 millions d'euros, soit +28% par rapport à 2006. En 2008, quelque 100 grandes entreprises expriment leur volonté de créer des filiales au Maroc. Certains projets, totalisant plusieurs millions de DH, sont en cours de réalisation. Leurs projets ciblent les secteurs émergents comme l'agro-industrie, le tourisme, les services ou encore l'industrie automobile. Plus d'une soixantaine d'entre elles ont accompagné le président du gouvernement catalan, José Montilla, lors de sa visite au Maroc du 8 au 11 avril. «La majorité des entreprises s'intéressent au secteur des services, autoroutes, hôpitaux, téléphonie, tourisme, bref des services de ville. Aussi, une délégation représente le secteur de l'agro-industrie. Les entreprises catalanes s'intéressent à des projets dans le secteur des services à Casablanca, dans l'agro-industrie, le textile et l'automobile au Nord», déclare Josep Huguet, ministre de l'Innovation, des Universités et de l'Entreprise. Le secteur des services représente 38% du PIB marocain. D'où l'intérêt croissant des entreprises catalanes participant à la mission. D'après Hamid Benlfdil, directeur du CRI de Casablanca, une dizaine d'entreprises catalanes négocient actuellement la faisabilité de leurs projets dans les secteurs de l'agro-industrie, de l'aéronautique, de l'industrie des énergies renouvelables et du tourisme. Pour le président de la Chambre de commerce de Barcelone, Miquel Valls, d'autres entreprises catalanes vont investir dans les secteurs de l'automobile et du tourisme. «Ils veulent développer le tourisme dans la région du Nord et particulièrement à Tanger». Des projets fin prêts AREAS, une entreprise gestionnaire de restaurants, de boutiques, d'hôtels et de stations services dans les aéroports et les autoroutes, est présente au Maroc depuis 1999 à travers sa filiale ATASA. Elies Rué, son directeur général, déclare que son entreprise va investir 19 millions de DH pour un projet de restaurants et de cafés dans les aéroports de Casablanca, Rabat, Tanger, Agadir, Marrakech et Essaouira. « Notre projet dans le court terme est d'accompagner l'ONDA au niveau de ses aéroports. Nous allons créer de nouvelles unités de catering aérien à Tanger, Rabat et Casablanca. Par la suite, on interviendra dans l'extension des aérogares des différents aéroports du Royaume en aménageant des cafés et restaurants dans les aéroports d'Agadir, Casablanca, Essaouira et Tanger». Durant les 3 dernières années, l'entreprise a investi 27 millions de DH. D'autres projets d'envergure verront également le jour en 2008. Dans le secteur chimique pour le bâtiment, la société Simon va créer une nouvelle ligne de production de matériel électrique dans le Nord, et plus précisément à Tanger. Sintax, une entreprise spécialisée dans le secteur de la logistique pour l'industrie automobile, montera un nouveau projet au niveau du port de Casablanca. Une autre entreprise catalane spécialisée dans l'ingénierie de l'environnement, a déposé son dossier suite à un appel d'offre public pour la gestion de la distribution et du traitement des eaux usées à Saadia et dans le sud du Maroc. En novembre 2008, une vingtaine d'entreprises catalanes vont venir au Maroc pour apporter leur savoir-faire aux entreprises locales qui opèrent dans le secteur de l'ingénierie de l'environnement. Autre projet, dans l'immobilier : Mixta Africa, spécialisée dans la construction de logements sociaux, entamera de nouveaux projets dans la ville de Tétouan. Elle envisage d'en faire le plus grand projet du genre sur le continent africain, en usant d'une nouvelle technologie de construction. Dans le secteur du tourisme, un projet de la société Equit entre dans sa phase de finalisation. Il s'agit de piloter les travaux d'extension d'un luxueux hôtel de la ville ocre. Dans le secteur agro-industriel, une mission de 11 entreprises catalanes se rendra dans la région de l'oriental en vue de décrocher des contrats de gestion des terrains agricoles étatiques. D'autres entreprises s'intéressent à la région d'Agadir. Elles souhaitent faire usage de la technologie des serres pour la production de fruits. La société Nufri, spécialisée dans la production et la commercialisation de fruits et de jus concentrés, sera la première à s'implanter dans cette région. Sa production sera directement exportée en Catalogne. Un partenariat portuaire Une importante convention a été signée par Saïd El Hadi, directeur général de TMSA (Agence spéciale Tanger Méditerranée) et Jordi Valls i Riera, président du Port de Barcelone. «Cette convention de coopération vise à favoriser et à renforcer les échanges maritimes entre les deux ports et à inciter les entreprises de la région de chaque port à s'implanter dans la zone logistique du port partenaire. Dans la foulée et en parallèle à cet accord, a été signé un contrat spécifique entre la filiale de Tanger Med, qui gère la zone logistique du port de Tanger, et la filiale du port de Barcelone Cilsa, opérateur logistique du port de Barcelone. Par cet accord, la filiale de Tanger Med va offrir un lot de terrains nus viabilisés à l'attention de Cilsa, qui va l'utiliser pour construire des entrepôts. Et c'est elle-même qui va mettre en location ces entrepôts au profit des entreprises catalanes. Il y a une forte demande qui a été déjà exprimée par ces dernières. Les premières phases de construction se dérouleront au cours de l'année prochaine et on verra les premières entreprises arriver vers fin 2009», affirme Youssef Bencheqroun, membre du directoire de l'agence Tanger Méditerranée, directeur du pôle zones d'activités et immobilier. Repères La CGEM s'engage n marge de la visite de la délégation catalane au nouveau siège de la CGEM, un protocole d'accord a été signé entre la PIMEC, représentation patronale catalane des PME, et la commission PME de la Confédération. «C'est un accord spécifique de petite et moyenne entreprise. La Catalogne a une économie qui ressemble à la nôtre. Sauf que cette région est plus développée parce que leurs PME sont plus dynamiques que les nôtres. Cela fait des années que nous cherchons un accord avec l'Espagne pour le développement de la PME. Nous voulons institutionnaliser cette relation. Nous avons beaucoup de choses à apprendre des Espagnols. Ils ont gagné des points au niveau du commerce international par leurs PME, non pas par leurs grands groupes», a déclaré Moulay Hafid Elalamy. Et d'ajouter : «les relations commerciales que nous avons avec la Catalogne sont l'un des premiers points du commerce équilibré. Nous avons 5,5 milliards de DH d'échanges commerciaux équivalents dans les deux sens, profitables au Maroc. C'est rare dans le commerce international. Pour une fois, voilà une région espagnole proche qui est disposée à travailler la main dans la main. Il y a aujourd'hui des opérateurs espagnols implantés au Maroc pour nous accompagner et nous avons beaucoup à apprendre d'eux, même si par gentillesse et par modestie, ils disent qu'ils ont beaucoup à apprendre de nous. Dans le bâtiment, l'agro-industrie ou encore la pêche, ils sont extrêmement forts. En plus de Roca, spécialisée dans le matériel sanitaire, le groupe USP, qui s'est adjugé la gestion des polycliniques de la CNSS, a de nouveaux projets au Maroc».