Renault s'apprête à lancer les appels d'offres pour les achats fournisseurs de sa future usine de Tanger. Depuis, c'est l'effervescence chez les équipementiers de premier ordre qui ont commencé à défiler dans le Royaume. Décidément, le projet de Renault-Nissan à Tanger ne laisse aucun équipementier automobile indifférent. Alors que les travaux de terrassement du site devant accueillir le complexe industriel viennent à peine de démarrer, les délégations des grands équipementiers européens commencent à défiler dans le Royaume. À l'origine de cette effervescence, les appels d'offres pour les achats fournisseurs dont le lancement par Renault pour sa future usine est imminent. «C'est une nouvelle voiture qui sera fabriquée. Ces fournisseurs de premier rang vont apporter la technologie mais aussi le marché pour les équipementiers locaux de deuxième et troisième ordre. En effet, le secteur automobile marocain ne peut subvenir à tous les besoins de Renault-Nissan», explique Mohamed Ouzif, directeur de l'AMICA (Association Marocaine pour l'Industrie et le Commerce de l'Automobile). En tout cas, sur le terrain déjà, les équipementiers de 1er rang initient les démarches pour faire partie du panel des fournisseurs de Renault au Maroc, ce qui est le cas du groupe Floquet Monopole, spécialisé dans l'usinage des pistons et chemises, pour le compte de PSA notamment. Dernièrement, c'est une délégation d'industriels basques qui s'est rendue à Tanger Med afin d'étudier les opportunités d'affaires dans le secteur. Entre le 14 et le 15 avril prochain, ce sont une cinquantaine d'équipementiers français et espagnols qui viendront prospecter au Maroc. Déjà, d'autres grands groupes comme Ford ont eu des contacts préliminaires avec le ministère de l'Industrie. Des Chinois, des Indiens, tout comme Saint-Gobain et Arcelor, sont en prospection au Maroc. Renault a donc ouvert le bal. D'ailleurs, il n'est que la partie visible de l'iceberg. Plusieurs équipementiers ont commencé à s'installer à proximité de ce site considéré comme «le plus compétitif du monde en raison de son accès direct au port via le chemin de fer». Un investissement de 250 MDH Faurecia, 2ème équipementier européen, prépare aussi un investissement à TFZ de près de 154 millions de DH. Rappelons que d'autres équipementiers ont choisi des sites différents pour investir. C'est le cas de la filiale du Japonais Sumitomo Electrics Industries, qui construira son usine de production de câbles pour PSA Peugeot-Citroën à Aïn Aouda dans la banlieue de Rabat. SEWS renforce ainsi sa présence au Maroc par la réalisation d'un programme d'investissement de 250 millions de DH. «La réussite de la mise en place de l'industrie automobile au Maroc dépend de sa capacité à développer un tissu d'équipementiers non seulement de 1er rang mais aussi des rangs 2 et 3», tente de faire remarquer le directeur de l'AMICA. Quid des fournisseurs locaux qui pour l'instant regardent cette ruée des fournisseurs de premier ordre avec beaucoup d'intérêt ? «Les équipements locaux qui sont des rangs 2 et 3 appréhendent beaucoup les exigences des fournisseurs de premier ordre. De plus, de nouveaux besoins émergent. Tout ça pour dire qu'il nous faut des ressources humaines qualifiées», précise Mohamed Ouzif. Partant, l'AMICA a relancé le projet de contrat-programme avec une déclinaison adaptée aux besoins des opérateurs. «L'enjeu du contrat-programme consiste à donner plus de visibilité avec un engagement de l'Etat. C'est un moyen de renforcer l'accompagnement des opérateurs et autres investisseurs ainsi que les opportunités de partenariat avec des structures d'appui», estime le directeur de l'AMICA. Quid alors du plan «Emergence» automobile ? «Il n'y a pas de redondance car le contrat-programme viendra en appoint pour une meilleure application du plan Emergence automobile», prévient Ouzif. Alliant l'acte à la parole, les opérateurs marocains prévoient de commanditer une expertise en collaboration avec l'ANPME pour bien décrypter la problématique du tissu industriel en général et identifier des pistes. Objectif : profiter des expériences de pays comme la Turquie, la Roumanie, qui ont fait leurs preuves dans l'équipement automobile ces dernières années grâce notamment à l'implantation de constructeurs de renom.