Si certaines rumeurs faisaient état d'un rachat de Shell Maroc par le groupe Akwa d'Akhannouch, les deux opérateurs affirment mordicus qu'il n'en est rien. Seulement, ce rapprochement cadrerait parfaitement avec la stratégie à l'international des grands groupes pétroliers… La nouvelle est surprenante, voire déroutante : Shell Maroc serait à vendre, et l'heureux repreneur ne serait autre que le groupe d'Akhannouch. L'information ne peut que susciter la curiosité du marché, en particulier lorsque l'on sait qu'à peine quelques semaines auparavant, Mobil Oil Maroc, filiale de Exxon Mobil, venait de céder la place à Libya Oil Holding. Contacté à ce sujet, le management de Shell rejette en bloc toute idée de rapprochement, et encore moins de vente de Shell Maroc à Akwa. «Il est vrai que l'information est parue dans la presse, seulement je peux vous assurer qu'elle est sans fondement. D'ailleurs, nous allons publier très prochainement un démenti», affirme une source autorisée. Du côté d'Akwa, c'est le même son de cloche. «Je ne sais pas d'où provient cette information, car Shell ne s'inscrit absolument pas dans cette logique, du moins pas encore», rétorque un membre du top management d'Akwa. Avant d'ajouter : «Peut-être qu'il y aura du changement dans deux, trois ou cinq ans, et que Shell émettra le souhait de se désengager de la distribution». La distribution aux mains des nationaux ? Ce ne sont certes là que des suppositions pour l'instant, mais si l'on déroule le film de ces dernières années, non seulement à l'échelle nationale mais aussi internationale, les grands groupes pétroliers se sont peu à peu retirés de la distribution pour entamer leur mue. En tout cas, des groupes occidentaux au Maroc, il ne reste plus que Shell et Total. Selon un fin connaisseur du secteur, «la présence de Total est plus politique qu'autre chose». Autrement dit, le groupe ne risque pas de plier bagages. Mais pour revenir à Shell, deux exemples pris presque par hasard nous donnent une idée des orientations stratégiques du groupe. En 2006, Rubis, le leader de la distribution aux Bermudes, a fini par acquérir l'activité de distribution des produits pétroliers de Shell.Toujours en ce qui concerne Shell, mais plus près de chez nous, en France, le groupe pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell s'est séparé en août 2007 de trois sites de raffinage au profit du Suisse Petroplus et du Néerlandais Basell. Même s'il est à noter que Shell a justifié cette décision par son souci de «rationaliser» et de «concentrer» son portefeuille d'activités dans le raffinage et la distribution de carburants. Autre exemple, celui d'Exxon Mobil, qui vient de se retirer du marché marocain. En février 2007, des rumeurs persistantes faisaient la une des journaux économiques français, rapportant qu'Exxon Mobil aurait décidé de mettre en vente sa filiale française Esso, soit un réseau de 700 stations services. Mais de tous ces exemples, la tendance à retenir est que les grands groupes pétroliers mondiaux se déchargent de la distribution. «Vous savez, les géants mondiaux voient leur rentabilité baisser, ce qui les pousse à se recentrer sur leurs activités de base», analyse un professionnel. On parle même aujourd'hui de la «fin de l'âge d'or» des compagnies pétrolières. Certes, les cinq plus gros pétroliers continuent à engranger de gros bénéfices, seulement «la montée du nationalisme pétrolier, le déclin des zones de forage actuelles et l'inflation des coûts d'exploration pèsent sur l'avenir du secteur», explique un spécialiste du secteur. Le numéro un mondial Exxon a enregistré la première baisse de son bénéfice depuis trois ans, lors du premier semestre 2007, et le résultat de Total pour cette même période est en recul de 9%. «Les groupes occidentaux voient les possibilités d'exploration se réduire comme peau de chagrin. Désormais, 80 % des réserves mondiales sont aux mains des pays producteurs. Même quand ils acceptent de maintenir les concessions, ce n'est plus aux mêmes conditions», peut-on lire dans un dossier consacré aux grands groupes pétroliers dans Les Echos.