Les contingences politiques, le très fort probable passage de l'Istiqlal à l'opposition, dans quelques semaines selon ses dirigeants après des mois de gesticulation met, un peu plus, la pression en faveur d'un attentisme qui n'est pas le bienvenu. Ce départ désormais programmé, signifie un remaniement en plein milieu de l'été. La loi de cadrage du budget en sera retardée et à moins que les ministres ne participent pas à son élaboration, la Loi de Finances ne peut être prête fin septembre. Sauf à demander au prochain ministre des Finances de défendre un budget préparé par un autre qui sera, en principe, dans l'opposition. Or, les opérateurs attendent du prochain budget des changements au niveau de la fiscalité, suite aux Assises et des signaux d'une politique de relance. Le débat public obstrué par la politique politicienne, ne donne aucune indication sur ces deux sujets. Il ne faut pas s'étonner si les entreprises en matière d'investissements préfèrent le « wait and see ». L'investissement est la première victime collatérale de ce qui se passe. L'Etat a emprunté 216 milliards de dirhams au cours du premier semestre. La dette publique a explosé dans l'absolu. Mais comme l'a expliqué Al Azami, le ministre du Budget, le financement à l'étranger est privilégié. Ceci permet d'éviter la pression sur des liquidités souffreteuses et de diminuer l'impact de l'effet d'éviction sur les circuits de financement de l'économie. Le raisonnement est bon mais il a ses propres limites. Le taux moyen des emprunts est de 3,5 % et tend à s'élever rapidement. Le risque de changes est une probabilité qui ne peut être conjurée par la simple volonté de Bank Al Maghrib, enfin l'impact politique, dans un pays qui a connu le PAS n'est pas à dédaigner. Les déficits sont structurels et doivent avoir une réponse de même nature. Le reste c'est de la gestion à la petite semaine, au faible impact. Par contre, la crise égyptienne peut avoir un véritable impact. La région MENA est en train de passer au rouge dans toutes les évaluations. L'approfondissement de la crise d'instabilité en Egypte, en Tunisie et en Libye incite tous les analystes à conseiller d'autres zones. L'exception marocaine a une limite. Pour les banques d'affaires et les analystes le plus courant est de raisonner en zones avant de s'attacher aux situations spécifiques. Le seul moyen de sortir de cette généralisation abusive, c'est de communiquer fort et bien. Ce n'est pas ce que fait l'exécutif qui vit depuis 3 mois la crise d'un divorce annoncé. Ces impacts n'ont pas l'air d'infléchir les attitudes des politiques. C'est dommage ! ■